Journée d’étude sur le rapport à l’ennemi dans les conflits contemporains

Anne-Sophie Anglaret (CRID 14-18) et Dimitri Chavaroche, tous deux doctorants à Paris 1 Panthéon-Sorbonne/UMR IRICE (Alya Aglan, Nicolas Offenstadt) organisent samedi 13 décembre de 13 h 45 à 18 h une journée d’étude intitulée « En face-à-face », salle Picard de la Sorbonne.

Les études historiques portant sur le rapport et la confrontation à un ennemi dans les conflits contemporains ont surtout été menées dans une perspective d’histoire culturelle. Si ces travaux ont l’intérêt de replacer les représentations de l’adversaire comme éléments fondamentaux de compréhension du déroulement des conflits et des conduites des hommes au combat, ils restent cependant essentiellement discursifs et n’épuisent pas le sujet. L’ennemi combattu est-il toujours une masse aux yeux de celui qui combat ? Peut-on supposer l’unanimité au sein d’un camp, en particulier en ce qui concerne la conception de l’ennemi et son rapport à lui ? La démarche culturelle a finalement laissé peu de place à l’étude des pratiques, de l’expérience, de l’échange aussi divers soient-ils, que la rencontre entre deux individus peut engendrer. Elle a également peu pris en compte la dimension diachronique, les évolutions possibles des représentations et des jugements de l’ennemi.

Les interactions ne sont qu’une approche parmi d’autres de l’étude des rapports entre adversaires. Elles restent néanmoins un moment privilégié pour observer les évolutions et expliquer la diversité des considérations de l’ennemi. Toutes les formes de conflits sont susceptibles de donner lieu à des situations où la question de l’adversité se pose à un micro-niveau. Il est donc possible, dans une perspective d’histoire sociale, de ne pas considérer l’individu en guerre comme le réceptacle passif d’une représentation dominante de l’ennemi, mais d’examiner plus précisément ce qu’il mobilise lors de la rencontre avec l’adversaire, et en retour l’expérience qu’il en tire. Il ne s’agit pas ici de supposer toujours à l’individu une liberté de choix, notion hautement problématique dans une situation de conflit, mais plutôt de prendre en compte son expérience concrète. Que se joue-t-il lors de ces rencontres ? Le face-à-face est-il un moment où s’entretiennent des rapports préconçus ou un lieu de redéfinition et de création de nouveaux liens ou de nouveaux affrontements ? Ces questions permettent d’embrasser des affrontements très différents et d’importants débats historiographiques.

Quelles sont les pratiques du combat sur les champs de bataille ? Comment se comporte une population civile face à une armée d’occupation ? Longtemps après le conflit, est-il réellement possible de commémorer ensemble, au-delà d’un côte à côte affiché ? Sans surinvestir le face-à-face, il nous semble utile de l’interroger parce qu’il met en prise directe des individus dans un moment particulier, réduit au laps de temps d’une rencontre. Il doit être envisagé dans son contexte spécifique. Le face-à-face permet ainsi de replacer la notion d’ennemi dans une relation non figée et dépendant de multiples facteurs. Si ces problématiques ont été pensées à partir de recherches sur les deux guerres mondiales, nous souhaitons ouvrir ces questionnements à l’ensemble des formes de conflits de la période contemporaine.

Programme :

13h45 : Introduction

Anne-Sophie Anglaret, Dimitri Chavaroche (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

14h-15h30 : Combattre

  • Léo Dumont (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Faire face aux barricades : les gardes nationaux des rangs de l’ordre en juin 1848.
  • Dimitri Chavaroche (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), D’un adversaire à exterminer à un ennemi comme ressource. Comment et jusqu’où mener les combats dans les tranchées de 1914-1918 ?

15h45-18h : Coexister

  • Philippe Salson (CRID 14-18). « Face à l’occupant en 14-18 ». Quand le singulier ne vaut rien à l’historien.
  • Valentin Schneider (Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes), Regards croisés sur l’ennemi héréditaire. Français et Allemands en Normandie entre 1940 et 1948 et leur opinion de l’autre.
  • Marius Loris (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Le face-à-face hiérarchique dans l’armée française en Algérie : obéissance, conformisme et transgression.

 

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