Vigne, Aimé (1894-1916)

1. Le témoin

Né le 27 septembre 1894 à Saint-Maurice-sur-Aygues (Drôme). Ses parents tiennent à Nyons l’hôtel Terminus et un commerce d’huile. Il devient comptable dans l’entreprise familiale. Engagé volontaire pour quatre ans en octobre 1912 au 52e RI. Caporal en 1913, sergent-major le 1er septembre 1914, sous-lieutenant au début de 1916. Blessé en septembre 1914. Après une longue hospitalisation, il est en 1916 à Verdun. Blessé mortellement par un éclat d’obus au visage en août. Sa tombe n’a pas été retrouvée.

2. Le témoignage

Le corpus comprend 79 lettres d’Aimé à ses parents et quelques autres lettres, notamment de sa fiancée. Elles sont conservées par la famille. Larges extraits publiés dans Je suis mouton comme les autres. Lettres, carnets et mémoires de poilus drômois et de leurs familles, présentés par Jean-Pierre Bernard et al., préface de Rémy Cazals, Valence, Editions Peuple Libre et Notre Temps, 2002, 503 p. [p. 215-247], illustrations.

3. Analyse

Parti pour vaincre les Allemands, « ces sacrés troubleurs de la paix universelle » (juillet 1914), il garde jusqu’au bout l’espoir de la victoire sur les « sales Boches » (juillet 1916). Mais, en juin 1916, il écrit à son jeune frère qui veut s’engager : « je te refuse [souligné par lui] mon consentement » et « je prie mon cher papa de te refuser le sien ». Il explique alors que, dans la ténacité des soldats, le patriotisme compte peu : « nos soldats se battent parce que la guerre est devenue, chez eux, une habitude…, ils sont braves parce que… que veux-tu, c’est dans leur sang ».

Entre temps, il a raconté l’épisode de sa première blessure aux deux jambes, comment il a été pillé par des soldats bavarois et protégé par l’intervention d’un sous-officier (les Allemands ayant reculé, il fut ramassé par les Français). Il dit le besoin de recevoir des lettres de la maison et des colis contenant de bonnes choses du « pays ».

Rémy Cazals, 02/2008

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