Pébernard, Antoine (1886-1975)

Antoine Pébernard est né le 9 avril 1886 à Saint-Hilaire (Aude), d’un père charpentier. Il exerce le même métier. Service militaire au 5e Génie de 1907 à 1909. Campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 6 mars 1919. Il se marie à Limoux le 11 décembre 1916. Après la guerre, il est domicilié à Luchon. Il meurt à Salies-du-Salat à l’âge de 90 ans.
Son témoignage de guerre est un manuscrit sur cahier d’écolier (60 pages) conservé aux Archives départementales de l’Aude, cote 3J-1358, transcrit par Guilhem Delon dans son mémoire de maîtrise 1914-1918. De l’arrière au front : l’arrondissement de Limoux dans la tourmente, Université de Toulouse Le Mirail, 1997.
Quelques notes dans l’ordre chronologique sur les activités du 5e Génie qui vit en grande partie dans des trains :
– 2 août 1914 : « Grand enthousiasme. Pleurs. Chants. Cohue dans les gares. »
– 21 août : « Je fais une table pour les officiers. »
– 26 août : dans la retraite, faire sauter un pont.
– 4 septembre : des blessés démunis de tout. « On leur porte nos gamelles. »
– Marche en avant après la Marne. Reims, Soissons.
– 19 novembre : Secteur de Braisnes. Fabrication de fascines, claies, piquets pour les tranchées.
– 17 décembre : construction de radeaux avec des demi-muids.
– 29 février 1915 : en gare de triage de Dijon, construction de voies.
– 12 juillet : première permission.
– 26 juillet : construction d’un voie ferrée à Cuperly
– 1er septembre : Auve. « Les premiers trains de munitions et de ravitaillement sont arrivés, ainsi que de nombreuses troupes. On prépare une offensive. Je travaille à la construction des gares. Plus de cent wagons de bois à employer. »
– 22 février 1916 : Bar-le-Duc. Réparation d’aiguillages et construction de voies de garage pour le Meusien. « On travaille quelquefois jusqu’à 2 h du matin. C’est l’attaque de Verdun et le travail est très pressé. »
– 15 mai : Alsace. Construction d’une ligne « en pays conquis ».
– 29 avril 1917 : « Retour de permission. Le 16 avril a commencé l’offensive prévue, elle n’a pas réussi. Le secteur est devenu très mauvais. On a réparé la voie sur la ligne de Mourmelon à Reims, jusqu’à 1500 mètres des tranchées. »
– 15 mai : « Départ pour Saint-Hilaire-au-Temple. On répare les dégâts que font les avions. »
– 11 août : Vers Daucourt : « 1200 mètres de voie par jour. Nourriture exécrable. »
– 24 janvier 1918 : Même secteur. Capitaine détesté pour sa dureté et ses brimades imposées aux Malgaches qui travaillent avec le Génie.
– 27 mars : Châlons bombardé de nuit par les avions. « Les gens vont tous les soirs passer la nuit dans les champs et rentrent au matin. Et le Génie répare les dégâts et rétablit la circulation.
– 8 août : Vers Montdidier. « Des milliers de prisonniers arrivent par les boyaux. »
– 11 août : Remise en état de la gare de Montdidier. « Le plus beau spectacle de destruction qu’on puisse voir. Tout est pulvérisé. Pas un arbre, pas une maison debout. La gare, immense, n’est qu’une succession d’entonnoirs, quelquefois énormes, obstrués par des traverses déchiquetées et des rails tordus. C’est le vrai chaos. On rétablit les deux voies principales sous un soleil impitoyable et une poussière terrible. »
– 22 août : Vers Daucourt. « Capitaine sérieusement blessé par une mitrailleuse boche, en avant de la ligne. Quelle perte heureuse pour nous ! […] Plus on va, plus le pays est désolé. Les gaz ont brûlé même l’herbe. […] Des cadavres plein les fossés. »
– 16 septembre : Vers Ham, travaux de déminage.
– 6 novembre : Vers Bohain. « La voie du train est minée partout, nous habitons sur un volcan. »
– 11 novembre : « Date mémorable. L’armistice a été signé. Les Anglais manifestent leur joie, feux d’artifice avec les fusées boches qu’on trouve partout. Pour nous, pas de changement. On travaille sur un appareil miné qui peut sauter d’un instant à l’autre. »
– 8 décembre : « A voir le dénuement qu’ils ont laissé, on comprend qu’ils ne pouvaient plus tenir la guerre dans ces conditions. C’est la misère et la famine dans les armées boches qui en ont déterminé l’effondrement. »
– Février 1919 : « J’ai trouvé, le 5, à mon arrivée, mon petit Louis, né la veille. »
Rémy Cazals, septembre 2017
Je remercie Claude-Marie Robion, Archives de l’Aude, de m’avoir communiqué les documents suivants concernant Antoine Pébernard :
– 5E 344-017 Acte de naissance.
– 5E 206-187 Acte de mariage.
– RW 00559-132 Fiche matricule.

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