« Les poilus, héros ou victimes ? ». Quelques rectifications nécessaires à l’article de Jean-Dominique Merchet paru dans Marianne, 813, 17-23 novembre (p. 74-75).

« Les poilus, héros ou victimes ? ».

Quelques rectifications nécessaires à l’article de Jean-Dominique Merchet paru dans Marianne, 813, 17-23 novembre (p. 74-75).

L’article de Jean-Dominique Merchet,« Les poilus, héros ou victimes ? » comporte plusieurs erreurs d’analyse, qui me semblent devoir être redressées :

Sur la question de la ténacité des soldats de la Grande Guerre :

–  Avec Rémy Cazals, selon vous, j’estimerais que les soldats « agirent sous la contrainte de la discipline militaire, voire sous l’emprise de l’alcool ». C’est proprement faux, en particulier pour le second membre de l’explication. Je n’ai jamais écrit rien de semblable : parce qu’ainsi présenté c’est inexact. Les motivations des soldats sont complexes, multiples et changeantes. Voilà ce que je défends, avec d’autres. Elles ne peuvent cependant, en rien, se réduire à des croyances patriotiques.

Ensuite sur les soldats exécutés en 14-18 :

– La question ne peut se réduire à une lutte de la gauche qui aurait fait de la mémoire des « fusillés » un « marqueur identitaire » (les mutins de 1917 sont loin d’épuiser, comme vous le rappelez, la mémoire des exécutions en 14-18). Dès l’immédiat après-guerre, les critiques de la justice militaire s’expriment aussi dans les mouvements de droite ancien-combattant, comme l’Union Nationale des Combattants (UNC), qui se bat pour la réhabilitation de plusieurs fusillés, et même chez le très patriote ministre André Maginot qui dénonce une justice sommaire ; pour ne citer que cela.

– Enfin absolument rien ne permet de déduire de mes travaux ou d’historiens proches, l’ouverture vers une « repentance collective », c’est-à-dire une action concrète de l’Etat en faveur des fusillés de 14-18. Je me suis toujours exprimé, au contraire en sens inverse, en expliquant qu’on ne peut rejuger l’histoire et que les enjeux de mémoire de cet ordre doivent rester, autant que possible, en dehors de la sphère du droit, et surtout que l’historien n’avait pas à donner son avis en surplomb.

Nicolas Offenstadt, 8 décembre 2012

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