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CRID 14-18


 

 

 

 

 

 







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sur la guerre
 
de 1914-1918






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Qu’est ce que la guerre ?

Des visions tirées de Ceux de 14 (éditions du Seuil) , de Maurice Genevoix


Pannechon, ordonnance de Genevoix, le 10/10/1914 :

« Aujourd’hui, la guerre, c’est ça : d’la flotte qui tombe, des obus qui sifflent, et la vie au fond d’un trou, sans bouger. Pis qu’ça : sans rien voir. Au mois d’août, au moins, on voyait…. ». Déjà la certitude que cela « peut durer des mois ». (p. 203).

Porchon, lieutenant, le 17/10/1914 :

« Hélas ! dit Porchon ; j’avais rêvé d’espace et, face à nous, des tranchées ennemies bien visibles, nous barrant loyalement la route… Au lieu de ça, regarde : des taillis, un ravin à pic, et l’horizon bouché à longueur de bras. Les boches sont la-dedans. Cherche et trouve si tu peux ». (p. 251).

Genevoix, sous-lieutenant, parti en reconnaissance, le 17/10/1914 :

« A trente mètres, adossé au tronc blanc d’un bouleau, un homme rêvasse, le regard vague et les mains dans ses poches. […] Il s’ennuie, il somnole, il ne me voit pas… Et doucement, je me glisse derrière le gros hêtre, en éprouvant la joie bizarre de ne pas avoir eu de fusil ». (p. 254).

Le 19/10/1914 :

« Assis l’un contre l’autre [Genevoix et Porchon], silencieux parmi nos hommes prostrés, nous attendons, comme eux, comme attendait tout à l’heure Petitbru allongé dans une flaque de boue. Je revois sa forme immobile, et je l’entends redire, de sa voix molle d’épuisement : “j’attends, mon lieutenant, j’attends qu’i’s soient là… Que voulez-vous qu’on fasse, dans tout c’noir ? ». (p. 280).

Genevoix, le 20/10/1914 :

« Alors tu ne peux pas savoir ce que pèse, certains soirs, la masse des souvenirs… Et puis surtout, lorsqu’ils reviennent, ils ne sont jamais, jamais seuls : les regrets pèsent avec eux. Alors on est vaincu d’avance. Il n’y a qu’une chose à faire : se cacher comme s’est caché Ravaud tout à l’heure, et puis s’efforcer de dormir, en souhaitant d’être libre au réveil ».

Réponse de Davril (lieutenant) :

« Depuis six jours que je vous ai rejoints, j’ai honte de tout le bien-être dont j’ai joui ces dernières semaines ; et je l’avais gagné, pourtant, par une blessure reçue au combat ! … Mon excuse, c’est de vous être revenu en hâte, de reprendre à peine guéri ma vraie place au milieu de vous, dans le rang… ». (p. 291).

Pannechon, ordonnance de Genevoix, le 23/10/1914  :

« Quoi qu’on fout tout l’long du jour ? Rien, rien, rien. Quante on s’réveille, on attend d’becqueter ; quante on a becqueté, on pense à r’commencer. L’temps vous dure à force qu’il est vide. Des fois, on écrit aux vieux : ça distrait ; mais faut pas abuser, crainte du cafard ; et puis on n’peut pas tout leur dire… Alors on reroupille, on ouvre un œil quante ça bombarde, les deux quante les cuistots s’amènent ; et puis on roupille encore… On vit pas seulement à moitié, on d’vient tout mou… Et quoi qu’on y peut ? Juste dalle !… » (p. 334).




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