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Lachiver, Jules (1891-1915)

Lettres de guerre (août 1914-mai 1915) de Jules Lachiver, déclaré « mort pour la France » le 9 mai 1915,
Bretagne 14-18, 2000, 31 pages 21×29,5 ISBN : 2-913518-12-5

1 – L’auteur.
Jules Lachiver est né le « décembre 1891 à Gomené, dans le sud-est du département des Côtes-du-Nord, où ses parents étaient instituteurs publics. C’est presque naturellement que leur fils s’orienta vers l’enseignement. Quand il partit au service militaire, le 9 octobre 1912, il exerçait dans l’école publique de Pléhérel, sur la côte. La guerre le surprit à la caserne de Vitré, incorporé au 70e RI, où il était sergent depuis le 2 octobre 1913. Il fit le début de la campagne, sur la Sambre, à Guise et sur la Marne ; il fut blessé le 3 octobre 1914 à Neuville-Vitasse ; blessure légère, hospitalisation brève, remontée au front d’Artois à la mi-novembre. Il passe l’hiver dans ce secteur. Le 9 mai 1915, sa compagnie, la 10e, fait partie de la première vague d’assaut du régiment. Elle est lancée au nord-est de Roclincourt et est décimée par les mitrailleuses allemandes. Jules Lachiver est tombé lors de cette vaine attaque et son corps ne fut jamais retrouvé.

2 – L’ouvrage.
Les parents de Jules Lachiver, très affectés par la disparition de leur fils unique (le père décèdera trois mois après, miné par le chagrin), avaient conservé ses lettres. Ce lot de missives, surtout important de janvier au 8 mai 1915, a été sauvegardé par un neveu qui l’a confié à Bretagne 14-18. Y ont été ajoutés divers documents et, en particulier les courriers échangés après la disparition de Jules Lachiver. La famille garda longtemps l’espoir de retrouver son corps.

3 – Le témoignage.
La correspondance de Jules Lachiver, surtout adressée à ses parents, révèle son entrain et son patriotisme. Pour lui, après la déconvenue de Belgique et le retournement de la Marne, il faut bouter les Allemands hors de France ; là est son devoir qu’il rappelle dans nombre de lettres ; après seulement, il pourra rentrer à la maison, espoir qu’il exprime cependant de plus en plus souvent. On sent, très imperceptiblement percer la lassitude et l’émotion se fait jour de plus en plus. Civil devenu soldat par la force des événements, il se borne à relater les faits de la vie quotidienne à la guerre, sans porter de jugements sur ce que l’on ordonne aux combattants. Sa détermination ne semble jamais faiblir. Mais, au-delà de ses déclarations patriotiques, sa dernière phrase pathétique dans sa dernière lettre (« Écrivez-moi souvent. ») traduit bien une certaine détresse. Il pensait passer encore une fois entre les balles et retrouver les siens. Espoir cruellement déçu.
René Richard

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