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CRID 14-18











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sur la guerre
 
de 1914-1918








Les Croix de Bois, de Raymond Bernard, 1932

Regard: Nicolas Offenstadt

Adapté du roman de Dorgelès, Les Croix de Bois (1919), mais évidemment avec des choix, par exemple le récit du soldat fusillé (chapitre « Mourir pour la patrie ») n’est pas repris dans le film, de même qu’est rajouté, en ouverture, le départ en 1914. Le film raconte l’histoire d’un groupe de combattant plongé dans la guerre des tranchées, comme l’ont fait peu auparavant A l’Ouest rien de Nouveau de Lewis Milestone (1930) et Quatre de l’infanterie de Pabst (1930), de quelques soldats, typifiés, l’étudiant (Demachy), le planqué (cuistot), le gouailleur (Sulphart).

Ces trois films se fondent sur des romans de guerre à succès, relancés par l’immense écho du livre de Remarque en 1929. Dorgelès a d’ailleurs supervisé l’adaptation.

- Acteurs et figurants sont largement des anciens combattants et il semble que Bernard leur ait attribué des postes qu’ils ont réellement occupé au combat.

- L’action commence au début de la guerre (on voit durant le film les soldats adopter le nouvel uniforme et les casque Adrian). En partie en Champagne (la tombe d’un soldat l’indique). L’arrière est présent indirectement sous différentes formes, qui montrent toutes sa distance aux combattants : la fiancé de Demachy qui raconte dans une lettre son talon cassée lors d’un bal, lettre que celui-ci lit au fond d’un trou où il s’est abrité, la haine de Bréval pour sa femme qui l’a trompé, l’incompréhension des parents de Demarchy lorsque Sulphart, en permission, leur raconte ce que les soldats vivent au front.

Quelques scènes à noter  :

• Le minage de la tranchées, particulièrement crainte par les combattants, tant ceux qui accomplissaient le minage que ceux qui risquaient de le subir, joue ici un rôle important.

• Le soldat choqué qui sort du gourbi hystérique en criant « On vous emmerde » est bien représentatif de tous ces soldats victimes de chocs traumatiques, ce qui, pour certains, se traduisit par des comportements irrationnels, comme celui ici présenté.

• Les Allemands qui tirent sans sourciller sur des soldats français qui cherchent à s’approvisionner en eau.

• Le défilé infligé aux soldats boueux qui sortent du combat. Ils protestent de cette corvée mais finissent par l’accomplir avec une certaine fierté. Une bonne démonstration de l’ambiguïté fréquente des sentiments des poilus.

• L’officier invite ses soldats à passer avant lui pour l’assaut et l’un d’eux lui renvoie la proposition.

Si le film a pu être vu comme « pacifiste », fut projeté à la SDN, en réalité, il ne contient pas de dénonciations de la guerre véritablement articulées au-delà de la violence des scènes de combat, de la mort des protagonistes. Une des rares critiques explicites est une dénonciation courante des soldats « c’est plus la guerre, c’est du massacre ». On retrouvera les différentes interprétations que l’on a donné du film dans Joseph Daniel, Guerre et cinéma (Paris, Armand Colin/FNSP, 1972, notamment p. 119 et suiv.).

Le film continuera à être projeté par les anciens combattants dans années 50.




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