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CRID 14-18












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sur la guerre
 
de 1914-1918








Ennemis fraternels 1914-1915, Hans Rodewald, Antoine Bieisse, Fernand Tailhades, Carnets de guerre et de captivité, Toulouse, PUM, 2002, 191 p. 

Présentés par Eckart Birnstiel et Rémy Cazals, co-édition Presses Universitaires du Mirail et Les Audois, 196 p. + 8 p. d’illust., [le texte allemand est traduit en français]

    Chacun sait à quel point les témoignages de soldats constituent une mine de renseignements pour l’histoire de la Grande Guerre. Les trois reproduits dans ce livre présentent en outre l’originalité d’émaner de combattants qui n’appartenaient pas au même camp. Hans Rodewald était allemand, Antoine Bieisse et Fernand Tailhades étaient français. Un tel rapprochement est rare. Il résulte du travail de deux historiens, un Allemand et un Français.
            Les trois fantassins ont connu des expériences similaires : la mobilisation, le combat, la blessure et la captivité. Emportés par l’enthousiasme d’août 1914, ils doivent rapidement faire face au concret du front qui produit un mélange d’excitation et d’angoisse dans les combats réels, où l’on éprouve la satisfaction de tirer sur l’ennemi et, en même temps, la compassion pour les victimes des ravages de la guerre, quelles qu’elles soient. Gravement blessés, ils tombent au pouvoir de l’adversaire et craignent pour leur vie. Mais, ils sont soignés par des mains qui se révèlent fraternelles. Les trois hommes font l’expérience de l’humanité de ceux qu’ils désignaient jusque là par le terme convenu d’ennemi.
           Ce livre montre qu’au sein même de la mobilisation culturelle existait aussi, profonde, une « culture de paix » contribuant à maîtriser et à limiter autant que possible la violence de guerre. Il apporte de nouvelles pièces au dossier de la connaissance des ressorts moraux des soldats, et un nouveau démenti à la thèse simpliste qui veut que la haine de l’ennemi aurait éclipsé tout autre sentiment. Il révèle la complexité et l’ambivalence de la pensée des combattants. Il permet de retrouver l’homme sous l’uniforme, quelle que soit la couleur de celui-ci.

 « Les carnets de ces trois combattants […] relatent tous trois une expérience commune, vécue de chaque côté du front : la mobilisation, le contact de la bataille, la blessure et l’évacuation sanitaire, l’hospitalisation, la captivité ensuite. […] Témoignages au premier degré sur les premiers moments de la Grande Guerre, ils livrent au second degré une image de la personnalité de leurs rédacteurs. Eckart Birnstiel en propose une captivante analyse à partir de l’étude linguistique des récits, suivant l’emploi et la fréquence de certains termes au fil des séquences chronologiques. Il observe, en conclusion, le glissement dans la qualification de l’Autre, du mot « ennemi » à l’énoncé de sa nationalité, « français » ou « allemand », exprimant par là, inconsciemment, un retour à une relation d’humanité qui supplante la perception de supériorité agressive, qui prévalait avant. Cette mutation est notable, même si elle correspond à des situations très spécifiques : blessé, soigné, guéri et captif. Est-ce l’indice d’une « culture de paix » parallèle, sous-jacente ou complémentaire d’une « culture de guerre » prédominante ? Les candidats aux concours laisseront cette question ouverte et retiendront avec profit des exemples d’impressions, d’images et de sentiments vécus par ces trois soldats, témoins de la société civile entraînés dans la guerre et qui les ont consignés, souvent sur le moment, dans ces carnets, opportunément retrouvés et publiés. »
(Jean-Claude Allain, Historiens et Géographes, n° 387, juillet 2004)

On trouvera un compte rendu en allemand, par Thomas Nicklas, dans Archiv für Kulturgeschichte, 87-2, 2005, p. 494-496.




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