logoCollectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918

Article: "Images de soi, images des autres"

Articles récents :

Prisons et prisonniers militaires, par Valériane Milloz


RSS Actualités :

RSS Dernières recensions:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

François Lagrange, « Images de soi, images des autres : la dissymétrie Verdun/la Somme. Le combattant français, ses alliés, ses adversaires d’après les archives des commissions de contrôle de la correspondance de la IVe armée en 1916 »


Le titre de l’article est suffisamment explicite pour ne pas revenir sur la méthode employée (le contrôle postal comme source principale, choix d’une unité « représentative »), mais du moins s’arrêter sur la problématique retenue : Verdun et la Somme, deux batailles d’envergure, « deux enfers » pour les combattants, mais « deux traitements » dans le discours. Il s’agit alors pour François Lagrange de débusquer des indices de cet état de fait à partir des représentations que les combattants français se sont faits d’eux-mêmes, de leurs alliés et de l’ennemi pendant les deux événements en découpant l’année 1916, année d’un « tournant majeur », en deux parties, la césure correspondant au déclenchement de la bataille de la Somme. L’intérêt ici réside essentiellement dans la problématique du « regard » que l’on porte sur soi et sur les autres. L’auteur montre que Verdun est d’emblée la bataille des combattants français, et qu’ils tentent dans leurs correspondances, de montrer à la fois les difficultés de leurs existences, mais aussi leur attachement au sens du « devoir ». Il souligne également les nuances à apporter sur la présupposée « haine » développée contre l’ennemi, et met en valeur le regard ambivalent des soldats français vis-à-vis de l’Allemand, prisonnier ou combattant encore, mais devenu si « proche » (lire l’étude récente et approfondi de Malcolm Brown, Rémy Cazals, Marc Ferro et Olaf Muller, Frères de tranchées, Paris, Perrin, 2005). Les alliés semblent peu mentionnés dans les correspondances retenues, sauf les troupes russes qui jouissent d’un regard positif, que les Britanniques n’acquièrent qu’après la Somme et son échec. Cette étude a le mérite, au moins dans sa forme, d’essayer de mesurer les variations que peuvent connaître les représentations des soldats mis en rapport avec le contexte changeant de la guerre longue.

Alexandre Lafon.

Imprimer Version imprimable