Pierre-Barthélemy Gheusi, Cinquante ans de Paris. Mémoires d’un témoin, (1889 –1938), Paris, Plon, 1939, 505 pages
Résumé de l’ouvrage :
Pierre-Barthélemy Gheusi, journaliste, écrivain et directeur de théâtre à Paris, livre, de 1889 à 1938, ses souvenirs déroulés au fil d’une vie dense et à multifacette dans les domaines du journalisme (il est rédacteur au Figaro), de la musique (il est directeur de l’Opéra-Comique), de la politique et même de la Grande Guerre, occupant, en tant que capitaine, la fonction d’officier d’ordonnance de Galliéni. Ses souvenirs sont distillés dans autant de tableaux chronologiés dans les petits et les grands épisodes de sa vie omnisciente. L’ouvrage se décompose ainsi en trois tiers inégaux ; l’avant-guerre, la Grande Guerre et un après-guerre qui se termine peu avant la survenance de la Deuxième Guerre mondiale.
Eléments biographiques :
Pierre-Barthélemy Gheusi est né à Toulouse, le 21 novembre 1865, de Joseph Antoine, alors employé de banque, cousin de Gambetta, et de Hélène Mimard, sans profession. Il étudie au collège de Castres, où il rencontre Jean Jaurès, puis fait des études de droit à Toulouse. Dès 1887, il collabore à une revue (Le Décadent) et se frotte un temps à la politique. Il devient chef de cabinet du sous-préfet de Reims puis, obtenant une mutation à Paris, demeurant rue de Miroménil puis rue Saint-Florentin, il collabore avec le Gouvernement. Il fait ensuite plusieurs voyages à l’étranger, avec des rôles divers, dont diplomatiques. Il occupe diverses fonctions, comme officier de l’Instruction publique, chargé de mission en Syrie et en Palestine, membre de la commission du Théâtre Antique d’Orange, membre de la commission d’admission et d’installation de l’exposition de 1900, membre de la Société des Auteurs Dramatiques, de la Société des Gens de Lettres, du Comité des Expositions à l’Étranger ou de l’Association des Journalistes Parisiens. Il est ancien chef de cabinet du préfet et du secrétaire général de la Seine, attaché aux Ministères de l’Intérieur et des Travaux Publics. Enfin, il est, pendant la Guerre, officier à l’état-major de l’artillerie territoriale de Paris (cf. Base Léonore). Il épouse en 1894 Adrienne Willems, avec laquelle il a plusieurs enfants, dont un fils, Raymond, artilleur, et Robert, aviateur. Directeur de la Nouvelle Revue, il est promu directeur-administrateur du Figaro après-guerre, avant d’être congédié en 1932. Directeur également de l’Opéra-Comique, il en est renvoyé en 1918 par Clemenceau puis, rétabli dans ses fonctions, contraint à la démission en 1936. Il aura écrit dans sa vie 23 œuvres musicales, œuvres dramatiques ou livrets d’opéra, 12 romans, 8 livres d’Histoire et divers autres livres (source Wikipédia). Il meurt à Paris, à son domicile du 4 rue de Florentin, dans le 1er arrondissement, le 30 janvier 1943.
Commentaire sur l’ouvrage :
L’ouvrage, dense, fouillé et multifacette, est un document incontournable sur la vie politique, artistique, mondaine et militaire (pour la Grande Guerre) parisienne pendant toute la 3ème République. Ami de Jaurès, zélateur de Gambetta (par lien familial), et sectateur-réhabilitateur universel de Galliéni, dont il est l’officier d’ordonnance, et sur lequel il a écrit plusieurs livres, Gheusi est un personnage incontournable. Son livre, qui suit un fil chronologique, tout en reportant peu de dates, en est donc difficile à appréhender dans toutes ses acceptions et subtilités, sauf à être un contemporain du même milieu social ou très fin connaisseur de la période. Œuvrant dans de nombreux domaines liés à ses fonctions et la centralité de ses rôles, il construit son ouvrage par tableaux dans une foultitude de domaines, à Paris, en France, comme à l’étranger. Divisé en quatre grands chapitres (Souvenirs de jeunesse – Avant la guerre – La Guerre et Après la guerre), c’est bien entendu le chapitre consacré à la guerre (pages 223 à 387), et notamment par sa position centrale, en 1914, dans l’entourage de Galliéni, qui forme le cœur de l’intérêt de ces mémoires. Il est donc heureux qu’un index paginé des noms cités soit présent en fin d’ouvrage. Il convient donc de s’y reporter pour toute analyse des données que ce livre contient. Bien entendu, quelque peu auto-promotionnel comme autocentré, le contenu de cet ouvrage demande à être confronté aux témoignages politiques et artistiques de mêmes niveau et ampleur. Gheusi est assez direct, décrivant opportunément le plus souvent les milieux qu’il côtoie, y compris montrant les intellectuels habillés en uniforme pendant la Guerre. Le livre est mâtiné, çà et là, de phrases centrales et frappées du coin du bon sens voire même de descriptions à contre-courant. Ainsi par exemple, il n’est pas tendre sur les « m’as-tu-vue-en-infirmière », assimilant les bénévoles sanitaires mondaines en demi-mondaines (page 228). Tout au long de l’ouvrage, il milite pour Gambetta et Galliéni, martelant bien entendu que ce dernier a sauvé Paris. Il donne également quelques éléments militaires intéressants, ainsi bien sûr que des éléments d’ambiance sur le Paris de la Grande Guerre, dans de nombreux domaines, civils comme militaires, et mondains comme politiques. L’ouvrage est donc bien celui d’un témoin, privilégié par sa position comme par sa centralité. Certes, il parisiannise tout, quitte à faire des erreurs factuelles, comme « l’affaire du Zeppelin Z-VIII – L22 » abattu au-dessus des Vosges meurthe-et-mosellanes, qui selon son témoignage menaçait Paris au point de lui faire passer une nuit d’« insomnie de fièvre et d’attente » (page 232). Sa vision d’une Paris menacée, occasionnant le départ du gouvernement, instructive, notamment pour l’ambiance politique pendant les quatre mois de son absence. Il évoque les « réfugiés en province » invités à partir, les députés « paniquards », ceux qui se plaçaient, pour fuir, sur la liste des otages allemands quand ces derniers seraient entrés dans Paris, évoquant une véritable « phrase-médaille » (page 239), etc. Il décrit l’ambiance militaire des tirs contre avions et de leurs risques pour les parisiens, et rapporte également quelques rumeurs de bourrage de crâne, comme les notables de Senlis assassinés et enterrés les pieds en l’air (page 240). Mais cette partie de son récit, dans les heures pénibles précédant la bataille de La Marne et son issue victorieuse, est intéressante. Témoin privilégié, il rapporte faits et ambiance, jusqu’à affirmer : « Pour donner une idée de l’autorité indiscuté de Galliéni, dès ce jour [3 septembre 1914], dans tous les milieux, rappelons un fait sans précédent en une cité menacée des pires désordres par l’approche de l’ennemi. Pendant quatre mois, malgré la réduction quasi-totale de toute police administrative, dispersée désormais et employée ailleurs, pas un crime et pas un délit n’ont été commis, fût-ce dans une des innombrables maisons abandonnées de la capitale – pas même un vol à la tire. Le « jusqu’au bout ! » du Chef, devenu en une nuit l’idole et l’égide de Paris, a rassuré les bons et terrifié les autres » (pages 241 et 242). Il ajoute plus loin, relativement au départ pour Bordeaux du gouvernement : « Le Ministre de la Guerre, une heure avant de rallier le train furtif, mais gouvernemental, qui allait gagner Bordeaux sans être sûr – autre légende que nous laissions circuler malgré son ânerie – de ne pas être enlevé, vers Villeneuve-Saint-Georges, par les uhlans de Von Kluck (…) » (page 243). Bien que n’ayant pas lui-même suivi les exilés bordelais, il y rapporte une atmosphère empoisonnée (page 276). Évoquant les possibles d’une invasion allemande de Paris, il donne détails intéressants sur la rédaction de la proclamation de Galliéni aux parisiens, où elle a été imprimée, ce que voulait dire son « jusqu’au bout » et conclut : « Nous avions, à tous les degrés de la hiérarchie, la bravoure facile de l’indifférence et de la fatalité » (page 243). Il fait même quelques excursions au front, dont il dresse des tableaux parfois surréalistes. Là encore, il atteste : « Nous avons vécu les journées suivantes dans le sillage de la retraite ennemie. Derrière eux, les Allemands on laissé, de chaque côté de la route, des amoncellements de bouteilles vides. Elles attestent que l’orgie est venue au secours du sol envahi et que les vins du terroir ont, eux aussi, contribué à démoraliser l’envahisseur. Mais il laisse après lui la tenace puanteur de ses excès stercoraires, les profanations sacrilèges de son luthéranisme congénital, la nausée de ses atrocités et de ses crimes » (page 255). Sensible à l’ambiance d’alors du champ de bataille, Gheusi rapporte quelques récits d’espionnite, tel celui du pont d’Epluches, qui n’était que prostatique ! (page 267).
Renseignements tirés de l’ouvrage :
Il convient de se reporter à la table des chapitres (4 majeurs et 12, 16, 15 et 17 sous-chapitres) pour hiérarchiser l’ouvrage, ainsi qu’à l’index des patronymes.
Page 197 : Publie dans La Nouvelle Revue, « deux ans et demie avant qu’elle éclatât » un article sur la guerre inévitable, lequel lui vaut des reproches du Quai d’Orsay
224 : En voyage à Berlin six semaines avant la guerre, et dit : « Toute l’Allemagne pue la guerre »
: Camp de concentration en Bretagne (vap 248 pour y interner l’autrichien Max Nordau, qui considère la France « comme le peuple le plus pourri, le plus faraud, le plus gangrené de toutes les tares latines du vieux monde »)
: Sur les Allemands, il dit : « Ce peuple absorbe la musique comme il absorbe de la bière et de la saucisse. Son avidité musicale se satisfait d’ailleurs de n’importe quels sons, de même que sa gloutonnerie se satisfait de n’importe quelle nourriture »
225 : Mort de la femme de Galliéni, qui le plonge dans la guerre corps et âme
232 : Antiallemand, il dit : « Il ne suffira plus, maintenant, de châtier l’Allemagne ; il faut aussi la déshonorer devant le monde »
239 : Tirs contre avions par les Écossais (vap 240 sur les risques encourus et le tireur d’élite de l’Opéra-Comique)
240 : Maire, M. Eugène Odent, et notables de Senlis fusillés et enterrés les pieds en l’air
242 « Train furtif » gouvernemental pour Bordeaux
250 : Sur l’épisode des Taxis de La Marne
252 : Abattage des chiens errants et achèvement des chevaux, puis leur enterrement par des zouaves et des sapeurs de Paris, après La Marne
255 : Bouteilles vides de la retraite allemande au bord des routes, orgies contributrices à la défaite allemande
255 : Effets de 75
260 : Officiers allemands fuyards exécutés par des officiers allemands
: Sur des dormeurs qui sont en fait des soldats morts !
: Réservistes angevins modèles de terrassiers par leurs tranchées paysannes
274 : Contrôle télégraphique et ses surréalismes pour l’affaire Louis-Dreyfus (fin 283), qui rappelle que l’espionnite, multiforme, ne concernait pas que la zone du front
279 : Ordre en blanc
290 : Sur le retour du gouvernement : « Le Gouvernement rentre dans Paris comme il en est sorti, avec une discrétion qui ne comporte ni tambours, ni trompettes, en sorte que la population ne se sera guère plus aperçue du retour des ministres que de leur départ… »
310 : Spectacle des zeppelins pour les parisiens
316 : Crise des 75
344 : Il adjective tous les ministres (le 4 février 1916)
353 : Chiffres sur l’Opéra-Comique
358 : Textilose pour les décors
363 : Voit Mussolini en 1917
369 : 74 voyages d’artistes dans les cantonnements de repos du front (en 1917)
372 : Vue de Mata-Hari (vap 373 son exécution, par une seule balle l’ayant atteinte !)
Yann Prouillet, 5 septembre 2025
Roujon, Jacques (1884-1971)
Jacques Roujon, Carnet de route (août 1914 – janvier 1915), Paris, librairie Plon, 1916, 319 pages
Résumé de l’ouvrage :
Jacques Roujon, journaliste au Figaro, débute son carnet de guerre alors qu’il rejoint les réservistes de son régiment, le 152ème R.I., à Humes, au nord de Langres. Il y attend, jusqu’au 24 août, d’être affecté, soit dans le régiment d’active, soit dans celui de réserve, le 352ème. Soldat de 2ème classe, il fait partie finalement d’un contingent de renfort qui doit à priori rejoindre l’Alsace, où se trouvent les deux régiments, mais il débarque finalement à Raon-l’Etape, en pleine bataille des frontières, au moment où s’engage la bataille de La Chipotte. Il y participe, manque d’y être capturé et, soufflé par un obus, il est évacué dès le lendemain, montant à Rambervillers dans un train qui évacue les blessés, alors que « seulement » commotionné, il ne l’est finalement pas. Retapé, il revient à Humes avant d’être à nouveau réaffecté, cette fois-ci pour le 352ème (27ème puis 24ème compagnie), stationné au bord de l’Aisne. Il va dès lors occuper, d’après la bataille de La Marne jusqu’au 17 janvier, date de son évacuation pour maladie (hémoptysie), le secteur de Soissons. Il voit alors construire le front à l’ouest du Chemin des Dames, qu’il quitte au plus fort de la bataille de Crouy.
Eléments biographiques :
Jacques François Joseph Roujon est né le 30 octobre 1884 à Paris. Il est le fils de Henry, directeur des Beaux-Arts et membre de l’Académie française (1911), et de Marie Adeline Caroline Louise Reichel. Il fait de brillantes études à Paris, au lycée Janson de Sailly, et obtient deux licences, en droit et en lettres. Il fait son service militaire en 1905 et 1906 et exercera un temps comme avocat, de 1908 à 1910. Il demeure alors 1 rue Armand Gautier. Quand la guerre se déclenche, il est rédacteur au Sénat (depuis 1912 et jusqu’en 1919) et à la rubrique Affaires Etrangères (1920-1922) pour le Figaro, journal dans lequel il publie, en feuilleton, Carnet de route chez Plon en 1916, date à laquelle il revient au journal, manifestement réformé pour problème pulmonaire. Après 15 mois d’hôpital, il est réformé temporaire à partir du 15 janvier 1915 et jusqu’en 1916, il est versé dans le service auxiliaire en août 1916 et ne retournera jamais au front. Après la guerre, il occupe un temps un poste de secrétaire à la commission des chemins de fer de l’Etat, et est chargé de la rubrique Politique étrangère et participe à d’autres périodiques. Il rejoint ensuite plusieurs autres journaux (collaborateur au Temps, rédacteur en chef de l’Ami du Peuple puis au Matin (chef du service Etrangers 1935) – voir sa notice sur Wikipédia et son dossier de Légion d’Honneur sur la base Léonore). Une note de 1923 (dossier de Légion d’Honneur -chevalier 1927) atteste : « Spécialiste des plus avertis en matière de politique extérieure, s’est particulièrement distingué par le patriotisme ardent et la manière brillante avec lesquels il défend la thèse française depuis l’armistice ». Il verse dans le nationalisme puis le régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale. La Libération lui fait quitter un temps la France. Il est alors condamné par contumace à 5 ans d’emprisonnement pour « acte de nature à nuire à la Défense Nationale », c’est-à-dire trahison, mais immédiatement amnistié en application de la loi d’Amnistie du 6 août 1953 (jugement sur la base Léonore). Il publie encore un ouvrage sur Le Duc de Saint-Simon en 1958. Il meurt à Randan (Puy-de-Dôme) le 22 septembre 1971.
Commentaire sur l’ouvrage :
L’ouvrage s’ouvre sur une préface de Robert de Flers, collègue au Figaro, qui érige le poilu en héros non déique ou mythologique. En effet, par sa qualité de journaliste, Jacques Roujon allie dans cet ouvrage la culture littéraire, le vocabulaire et le sens de l’observation qui font de son carnet de guerre une œuvre qui semble de prime abord avoir l’aspect du roman mais qui fait état de son parcours pendant les 5 mois de guerre, denses, qu’il subit, participant à deux phases différentes du conflit : la bataille des frontières à l’Est (combats de la Trouée de Charmes), en août, même s’il n’en voit que deux jours des plus intenses, et la bataille de l’Aisne, entre la bataille de La Marne et les combats de 1915. Dès lors, il manie dans son récit précision des circonstances, des lieux et de la datation. Toutefois, les 15 pages qu’il consacre à la journée du 25, après son débarquement à Raon-l’Etape, dans les Vosges, sont floues ; il est à Rambervillers le 24 et au matin du 25, il repars vers l’est, voit des crêtes et des collines, un clocher qui s’effondre, un village (non dénommé), des routes, des ponts (pages 31 à 46), mais un suivi plus prévis des tableaux qu’il dépeint avant sa commotion n’est pas possible, Roujon alignant des tableaux certainement vécus mais imprécis, quelque part au nord-est de Rambervillers, dans le secteur de Doncières. Il devient bien plus précis lors de sa deuxième affectation qui l’échoue principalement à Bucy-le-Long, au bord de l’Aisne. Ses tableaux sont toutefois vivants, bien décrits, parfois dantesques (comme son évacuation en train sanitaire, pages 47 à 50) et nombre des camarades de son environnement sont décrits de manière précise et dynamique. Si certains tableaux semblent frappants, comme ce soldat mourant debout (page 44), et quelques phrases du style « Il faut se dépêcher d’aller au feu, si l’on veut arriver avant les grands coups » (page 11) ou « Vivement qu’on nous envoie faire la guerre » (page 12), l’ouvrage n’est pas teinté de bourrage de crâne. Dès lors une foultitude d’éléments, de données, de tableaux ou de belles phrases sont à relever de l’analyse. Sa « période » axonaise est référentielle pour la description de la construction du front de l’Aisne, dans le secteur de Soissons, prolongement occidental du Chemin des Dames. Il y dépeint parfois un ennui profond : « Mais on s’ennuie, parce que la guerre d’aujourd’hui est terne, comme la couleur des uniformes » (page 139) ou « Au fond, rien ne ressemble plus à l’armée en temps de paix qu’en temps de guerre » (page 138), qui alterne avec des phases d’hyperviolence. Il est même un temps téléphoniste d’artillerie (page 156). À noter que Roujon, dans son récit, insère 10 pages du carnet de son ami Verrier, qui témoigne de la période du 1er au 17 septembre, complétant ce qu’a manqué Roujon (pages 92 à 101). Jean Norton Cru nous indique qu’en fait, Verrier est en fait Paul Verdier, chef de bureau au sous-secrétariat aux Beaux-Arts. Le doute introduit, il serait donc opportun de vérifier chacun des patronymes cités, y compris sur les morts annoncés. La notice de Roujon par Cru est lisible pages 237 à 239 de Témoins. Au final, malgré seulement cinq mois de guerre, Carnet de route de Jacques Roujon est bien un ouvrage référentiel.
Renseignements tirés de l’ouvrage :
Mise à part pour le combat devant Rambervillers le 24 août, le suivi du parcours de l’auteur est aisé à la lecture ; il n’est donc pas repris dans la présente analyse.
Page 1 : Vue de la gare de l’Est le 11 août 1914
3 : Durée de la guerre (vap 24, 89, 116 et 260)
8 : Fumier et purin (vap 9, 10, 18, 58 et 107)
11 : « Il faut se dépêcher d’aller au feu, si l’on veut arriver avant les grands coups »
: Nom des journaux locaux haut-marnais : Le Petit Haut-Marnais et Le Spectateur
15 : Sachet de petits vivres : café, sucre, potages concentrés (vap 196 la revue, 8 jours par biscuit manquant dans la Légion)
19 : Vérification scrupuleuse du contenu du sac
26 : Fleurs au fusil et vue du départ de la colonne de Humes
29 : Exode des Vosgiens
31 : Vue d’une distribution « de café, de graisse, de pommes de terre et de haricots. Il faut démonter la gamelle, la remplir et la remonter sur le sac »
33 : Spectacle du bombardement : « Nous sommes très excités ; chacun voudrait regarder de tous les côtés à la fois, ravi de prendre part à une vraie bataille à si peu de frais. Personne n’a peur, personne ne prononce de mots héroïques. Rien que des interjections rapides » (vap 288)
34 : « Le clocher dégringole ; j’ai une impression de « chiqué » ; ce clocher devait être en carton pour s’être affaissé si vite »
: Met des fleurs dans son carnet de guerre
: Voit son premier blessé
: Bruit de la bataille : « Il semble que des mains invisibles tapent à grands coups de bâton une quantité considérable de tapis »
36 : Artilleur à cheval : « Il nous jette un regard doux et méprisant des cavaliers pour les fantassins » puis il dit, sur l’infériorité des canons français : « Les Allemands nous canardent à douze kilomètres. Ils tirent avec des 210. C’est très joli de faire la guerre, mais il faudrait avoir des joujoux pour ça »
43 : Balle dans sa musette
44 : Homme mourant debout
45 : Boîte de tisons
: « Un myope sans lunette a une psychologie de noyé »
56 : Le 3 août : « Je prends un vrai bain, dans une vraie baignoire. Sensation inouïe ! J’ai pris beaucoup de bains jadis, mais machinalement, sans y penser. Aujourd’hui, je savoure cette jouissance »
65 : Boîtes de conserve : langues, foies gras, jambonneaux, corned-beef appelées des Rimailhos à cause de leur calibre
67 : Garde de police de convoi, pour empêcher les soldats de sortir de la gare
69 : Vue de prisonnier allemand
74 : Nanteuil-le-Haudouin pillé par les Allemands
78 : Blessés allemands et français : « Pas de disputes, vainqueurs et vaincus son également las »
97 : Lanterne sourde
99 : Chevaux brûlés au pétrole
: Route jonchée de bouteilles cassées
104 : 19 septembre, première fois qu’il creuse une tranchée. Il dit « Il paraît que les Allemands en font et que c’est utile »
: Tableau épique du vaguemestre (vap 112 sur le courrier et 120 sur les colis)
108 : Traversée casse-gueule d’une champ de betterave
110 : Sculpte des animaux fantastiques dans des betteraves
118 : Fait des capuchons avec des sacs de pommes de terre
120 : Vue de Maxime Girard, du Figaro
125 : Sur le petit poste : « Prendre le petit poste, la nuit, dans un secteur inconnu, c’est une sensation neuve. Pour la première fois, on a l’impression de faire la guerre, la guerre telle qu’on l’imaginait, la guerre « des histoires »
128 : Fils de fer garnis avec des boîtes de conserve
132 : Soldat mort par accident de tir, vue de son enterrement
137 : Revue de cheveux
138 : Utilise « grande guerre ». Bulletin des Armées n’arrivant pas au front
149 : Fusil rendu inopérant par la boue
151 : Bruit du 155 allemand « qui semble le frou-frou d’une gigantesque robe de soie » (vap 214 : « Le sifflement des obus qui sont presque à bout de course rappelle le cri d’un chien hurlant à la lune ») et (vap 175, bruit de la fusillade : « bruit d’étoffe qu’on déchire, et n’arrête plus » ou 274 : « La fusillade, entendue à distance, ressemble au bruit que fait un chariot en roulant sur des pavés »)
152 : Tir organisé depuis le sol sur un avion
: Tombes d’anglais, mesures qu’il prend pour les orner
168 : Tayon et Ratayon, ancêtre dans le Soissonnais
187 : Balle arrêtée par un portefeuille
190 : Prix d’un paquet de tabac de cantine : 7,5 centimes
192 : Trantran pour traintrain
200 : Reçoit un « sac de couchage en toile cirée doublée de flanelle. C’est un événement qui compte dans la vie d’un soldat »
: « Tout le revers de la colline est envahi par des feuillées »
201 : Superstition d’un soldat qui dit : « Je sais bien que je serai tué »
204 : Aspect bigarré des soldats le 21 novembre 1914, air de romanichels (vap 205 et 225)
205 : Sur l’adaptation comme soldat : « Sous la fantaisie des accoutrements, nous restons des soldats. Nous le sommes tous devenus sans effort de volonté. L’adaptation aux misères du métier s’est faite insensiblement… »
211 : Soldat braconnier
212 : Description d’un contenu de sac et poids
216 : Grotte bergerie
217 : Poule tuée par un shrapnell
224 : « Une troupe qui ne sait pas faire du maniement d’armes, c’est un troupeau »
236 : Pose de Ribard
238 : « Pour s’abriter, on creuse de petites cases assez semblables à celles où l’on déposait les morts dans les catacombes »
: Sur le tirs inutiles : « Pendant la nuit, sur un secteur d’un kilomètre, il se tire en moyenne un millier de coups de fusil qui ne tuent ni ne blessent personne. Cette fusillade a simplement pour but d’empêcher des patrouilles de circuler entre les lignes » (vap 255 « La compagnie a brûlé trente mille cartouches environ et peut-être n’a-t-elle pas tué un seul Boche »)
240 : Tableau intéressant d’une visite médicale
244 : « Les heures de sommeil, c’est autant de pris sur la guerre »
246 : « Depuis quelques jours, nous reprenons goût aux caractères d’imprimerie. Qu’on nous envoie des livres, n’importe lesquels, pourvu qu’ils soient bons à tuer le temps. Tout ce qui sort un peu le pauvre soldat de la vie purement animale est le bienvenu »
247 : Rue bombardée jonchée de soufre
249 : Vue de soldats du train de combat
253 : Phare de tranchée
: Homme blessé criblé de balles des deux camps
Yann Prouillet, 30 août 2025
Galopin, Arnould (1863-1934)
Le témoin
Arnould Galopin est né à Marbœuf (Eure) le 9 février 1863, d’un père instituteur qui exerçait également la fonction de secrétaire de mairie. Après des études au lycée Corneille de Rouen puis à Paris, son service militaire effectué, il devient maître répétiteur avant de s’orienter vers le journalisme, métier qu’il exercera pendant une dizaine d’années, notamment pendant la période de la Grande Guerre, pour différents médias comme La Nation ou Le Soir. Il publie son premier ouvrage, Les Enracinées, en 1903, ainsi qu’un roman de cape et d’épée, puis se lance ensuite dans l’écriture de romans feuilletonnisés tels L’espionne du cardinal ou La petite Loute. Il prend la relève d’Henry de la Vaulx pour la rédaction des fascicules de Cent mille lieues dans les airs puis, obtenant un succès avec le Docteur Oméga, récit d’un voyageur sur la planète mars, en 1906, dans la revue Mon beau livre. Ayant de surcroît cosigné des ouvrages avec Emile Driant, alias le Capitaine Danrit, il est qualifié du titre de « Jules Verne moderne ». Il continue d’écrire dans des domaines divers, touchant à nombreux styles littéraires (jeunesse (il publie 2 500 fascicules d’aventures pour les enfants), sentimental, policiers, historique voire science-fiction) pour Fayard et Tallandier, participant à la réédition de mémoires historiques, puis se met au service d’Albin Michel tout en publiant également des feuilletons pour Le Journal ou Le Petit Journal. Pasticheur de talent, dans un style simple et élégant, on lui doit les personnages de Ténébras, rival de Fantômas, et d’Allan Dickson, coéquipier remplaçant Watson auprès d’un Sherlock Holmes vieillissant. En 1922, il récidive en publiant les mémoires d’Edgar Pipes, pastiche d’Arsène Lupin. Pendant la guerre, il se mue en correspondant de guerre et publie, outre Sur la ligne de feu, son pendant maritime Sur le front de mer, lequel sera couronné par l’Académie française. Il va d’ailleurs y ajouter plusieurs romans sur le thème de 14-18, tel Les gars de la flotte, tous chez Albin Michel, dont deux seront repris en films : Les Poilus de la 9ème (qu’il rencontre fortuitement dans une tente anglaise lors d’une visite d’un camp en décembre 1915 !) et La Mascotte des Poilus. Auteur finalement d’une centaine d’ouvrages, Arnould Galopin décède brutalement à Paris le 9 décembre 1934. Sa biographie complète sur | Arnould GALOPIN (franceserv.com)
Résumé de l’ouvrage
Alors qu’il est correspondant de presse pour le quotidien Le Journal (page 56), il brosse dans Sur la ligne de feu 17 tableaux répartis du 10 septembre 1914 au 15 avril 1916, portraitisant ainsi « nos soldats », « nos alliés » qu’il complète par des anecdotes « sur la mer ». Il rend tout au long de l’ouvrage un long hommage aux alliés anglés, écossais et surtout indiens, sikhs et gourkhas, redoutables guerriers, ce sur le front, à l’arrière comme sur mer.
Analyse
Bien que publié en 1917, l’ouvrage, issu d’un journaliste, Sur la ligne de feu. Carnet de campagne d’un correspondant de Guerre (E. de Boccard, Paris, 1917, 208 pages) est sans étonnement un modèle de « bourrage de crâne » issu d’un « reporter » qui, si il est vraisemblablement allé au front, en fantasme la réalité de la guerre, magnifiant ses acteurs, caricaturant l’ennemi et héroïsant les alliés, de toutes origines de l’Empire colonial anglais, en diables implacables, victorieux et invincibles. Quelques rares informations sont dégageables avec toutes les réserves inhérentes à ce style testimoniale particulier, par trop impacté par une vision journalistique tronquée de la réalité de la guerre. En contrepoint, le livre vaut en tous cas pour le long défilé des archétypes de la littérature de bourrage de crâne, en multipliant les tableaux outranciers destinés à des civils crédules et avides d’aventures victorieuses et inoffensives. Etonnamment, alors qu’il s’évertue à cacher l’ensemble des patronymes, il en rétablit un toutefois (dans une note page 87) en indiquant que l’objet de sa page de bravoure est le lieutenant Langlamet, professeur de mathématique au lycée de Cherbourg.
L’ouvrage est agrémenté de 20 illustrations de lieux, matériels ou de soldats de toutes origines alliées.
Renseignements tirés de l’ouvrage :
Liste des « tableaux » rapportés par l’auteur et dates :
Nos soldats
Quelques heures vécues au milieu de la bataille (10 septembre 1914)
Une charge décisive (18 septembre 1914)
Parmi les ruines (20 septembre 1914)
Horrible aspect d’un champ de bataille (22 septembre 1914)
Sous les obus (5 octobre 1914)
Procédés de Barbares (10 octobre 1914)
Trois braves (16 octobre 1914)
La leçon de français (30 octobre 1914)
Nos alliés
Dans le camp des indiens (6 novembre 1914)
Le départ pour le front (7 novembre 1914)
L’enthousiasme belliqueux des terribles Gourkhas (10 novembre 1914)
Les Ecossais marchent en jouant la Marseillaise (16 novembre 1914)
Les Gourkhas à l’assaut des tranchées (18 novembre 1914)
Les Castors (25 novembre 1914)
Un camp anglais (30 décembre 1914)
Le triomphe de « Jack ». Comment un ballon de football amena la destruction d’un bataillon de la Garde prussienne (août 1916)
Sur la mer
Devant Zeebruge (13 décembre 1914)
Le pirate capturé (15 avril 1916)
Eléments utiles au fil de la lecture :
Page 12 : Obus Robin, dits craquelins, obus à balle type 1897
17 : Illustration du train blindé « Vendetta »
36 : Voit des cadavres flottants qui « même après la mort, s’étreignent » !
46 : Balles allemandes tirées de trop loin, n’ayant pas assez de force pour pénétrer profondément
51 : Espions allemands déguisés en femmes
61 : Obus peu dangereux, éclatant sans dommage trop haut
63 : Artilleurs allemands tirant sur les villages pour s’éclairer
97 : Espionnite
84 : Cavaliers piétinant les morts, barbarie
88 : Thann, l’école, l’instituteur
99 : Vue d’indiens Sikhs (fin 156) et de Gourkhas (surnommés les castors (p.150))
127 : Bhangs, hachich indien
135 : Ecossais
142 : Sur le combattant anglais par rapport aux français
144 : Honneur du combat à l’arme blanche des Sikhs
156 : « Capstan », tabac anglais
157 : Vue de camp anglais
167 : Chien
170 : Voit des funiculaires
176 : Footballeurs du 8e Est Surrey qui attaquent avec un ballon de foot
177 : Mads, camarades en anglais
Yann Prouillet – juillet 2023
Gómez Carrillo, Enrique (1873-1927)
1. Le témoin
Enrique Gómez Carrillo est né à Guatemala le 27 février 1873. Critique littéraire, chroniqueur, journaliste diplomatique, il est le fils de l’historien Agustín Gómez Carrillo, recteur de l’université de San Carlos et de Joséphine Tible Machado, d’origine belge, de laquelle il tient sa connaissance de la langue française. Il travaille en 1890 au Courrier du Soir du Guatemala et rejoint Paris où il est nommé consul de ce pays (1898) et d’Argentine (1899). C’est au double titre de diplomate et de correspondant de guerre qu’il parvient à effectuer plusieurs visites à l’arrière du front de France en 1914-1915, desquelles il va tirer un ouvrage testimonial paru en 1915. Il effectuera d’autres voyages, suivis d’ouvrages tout au long du conflit. Après une grande carrière littéraire, il décède à Paris le 29 novembre 1927 où il est enterré au cimetière du Père Lachaise.
2. Le témoignage
Enrique Gómez Carrillo, Parmi les ruines. De la Marne au Grand Couronné. Paris, Berger-Levrault, 1915, 381 p., non illustré.
Le texte est traduit de l’espagnol par J.-N. Champeaux, journaliste à L’Information qui nous renseigne dès l’envoi sur le ton de l’ouvrage, suite de « pages justicières » issues de voyages au front du 15 novembre 1914 au 10 mars 1915.
3. Analyse
Gómez Carrillo, diplomate et correspondant de guerre espagnol, parcourt le front et ses arrières du 15 novembre 1914 au mois de mars 1915. Il consigne et décrit ses visions et ses impressions du conflit bien qu’il ne le côtoie que postérieurement ou ne s’en approche que de manière très relative. Dès lors, de la banlieue parisienne à Pont-à-Mousson, nous suivons ce très francophile témoin dans son parcours qui nous amène sur les ruines de la Marne, la forêt d’Argonne, Verdun, le Grand Couronné et les abords de Metz. Pendant son périple, Gomez Carrillo retrace en forme de journal d’impressions datées les évènements, petits ou grands et reporte les légendes et les anecdotes de l’invasion. Il fait également de nombreuses références et rétrospectives historiques sur les sites traversés, fustigeant l’Allemand et magnifiant l’esprit français et ses valeurs. Quelques réflexions opportunes de cet éminent lettré imagent ce récit à la fois personnel et emprunté à l’Histoire.
Nous sommes donc avec cet ouvrage aux limites de la littérature testimoniale, bien qu’il s’ouvre sur cette phrase : « 15 novembre 1914. Nos visions de guerre commencent aux portes de Paris… », ce « témoin civil » est à la marge de ce genre littéraire. Les envolées lyriques, les nombreuses rétrospectives historiques ou les aspects touristiques des sites que l’auteur dit traverser ne font toutefois pas oublier – et rehaussent plutôt – la pauvreté documentaire de ce périple et de l’ouvrage. Fort bien écrit et très érudit, ce livre n’est en fait qu’une image très démonstrative des intoxications patriotiques du moment de sa rédaction. En effet, outre des erreurs géographiques grossières (Gómez-Carrillo semble placer la commune vosgienne de Raon-l’Étape entre Commercy et Sermaize-les-Bains, sur la route de l’Argonne, page 138), l’auteur se fait surtout le rapporteur des clichés populaires et ineptes de la propagande du début du conflit. Prisonniers ennemis qui se rendent pour de la nourriture, fraternisations multiformes (pages 94, 124, 207) et accords tacites répétés entre les belligérants, espionnite exacerbée (pages 103), prisonniers volontaires en nombre (pages 94, 184, 205) exactions allemandes sans nom, etc., se multiplient à chaque chapitre et révèlent qu’en fait de correspondance ou de témoignage de guerre, Gomez Carrillo n’a vu du front et des sites de l’invasion que ce que l’autorité militaire a bien voulu lui laisser voir et que ce que la propagande a bien voulu lui laisser dire. Un livre finalement bien pauvre d’enseignements mais riche d’un bourrage de crâne qui représente en soi un modèle du genre et une des meilleures illustrations de ce type de littérature de guerre. On note toutefois une réflexion sur le Miracle de la Marne : « Pour la première fois dans l’histoire, la France avait appris dans le cours d’un désastre à organiser le triomphe » (page 354).
4. Autres informations
Rapprochement bibliographique
Cet ouvrage est à comparer à celui de Courtin-Schmidt, De Nancy aux Vosges. Reportages de guerre, Nancy, Dupuis, 1918, 265 pages.
Bibliographie de l’auteur
Gomez Carrillo Enrique Parmi les ruines. De la Marne au Grand Couronné. Nancy, Berger-Levrault, 1915, 381 pages.
Gomez Carrillo Enrique Au cœur de la tragédie. Sur le front anglais. Nancy, Berger-Levrault, 1917.
Gomez Carrillo Enrique Le sourire sous la mitraille. De la Picardie aux Vosges. Nancy, Berger-Levrault, 1916, 348 pages.
Gomez Carrillo Enrique Le mystère de la vie et de la mort de Mata Hari. Paris, Charpentier-Fasquelle, 1925, 227 pages.
Yann Prouillet, juillet 2008