Valette, Marc (1892-1945)

1. Le témoin.

Né le 20 mai 1892 sur la commune de Saint Cirq Lapopie dans le Lot (à Tour de Faure), Marc Valette passe son certificat d’études et entre au collège à Figeac en vue de l’obtention d’un brevet supérieur. Fils d’agriculteur, il abandonne le travail de la terre pour s’engager dans l’armée en 1912 à Toulouse, avant de servir au 18e Régiment d’Artillerie de Campagne à Agen avec lequel il part dès août 1914. Il se marie en 1917, traverse l’ensemble du conflit avant d’être démobilisé à l’âge de 26 ans pour devenir après guerre contrôleur et contrôleur chef au « PO Midi ». Résistant durant le second conflit mondial, il est arrêté et déporté au camp de concentration de Manthausen où il meurt le 19 avril 1945.

Devenu fils unique après la mort d’une sœur qu’il n’a pas connue, il reçut de sa mère une éducation religieuse et s’est forgé des convictions royalistes, entre conservatisme et modernité.

2. Le témoignage.

Le corpus se compose des lettres échangées essentiellement entre Marc Valette et sa mère, sur des supports variés, et des photographies réalisées par le combattant Valette sur le front. Nathalie Salvy a retranscrit l’intégralité de la correspondance dans son mémoire de maîtrise intitulé « Petite mère… ». La correspondance de la famille Valette pendant la Grande Guerre (Université Toulouse le Mirail, sous la direction de R. Cazals, 2004, cote 11MM667, 1 et 2), ainsi qu’une partie des photographies. L’écriture des lettres est fluide et Marc décrit avec minutie son quotidien et son parcours qui l’a conduit de la Belgique au début de la guerre, à la Marne et à la Champagne, en Artois en 1915, dans l’Aisne en avril 1917. Marc s’autocensure pour ne pas effrayer sa « petite mère » (il cache sa participation à la bataille de Verdun, en ne le dévoilant qu’après être sorti de la fournaise), tout en expliquant ce qu’il voit et ce qu’il ressent. Texte et photographies contextualisées permettent de cerner avec exactitude l’environnement dans lequel évolue le soldat Valette.

3. Analyse.

Voilà le témoignage épistolaire d’un artilleur de campagne servant de canon devenu téléphoniste à la fin du conflit, conscient de la chance qu’il a d’avoir en quelque sorte tiré « un bon numéro » et de ne pas avoir à endurer les mêmes souffrances que les « malheureux fantassins ». Un temps cycliste auprès du colonel en 1915, son témoignage met en lumière les différences qui pouvaient exister au front suivant l’emploi auquel on était affecté. Marc évoque régulièrement le « pays » et note quelques phrases en occitan qu’il utilise avec ses camarades du Sud Ouest. De la guerre, ce sont essentiellement les conditions de vie qui attirent son attention, les abris qui protègent ou non, la puissance des armes utilisées qui peuvent aussi fasciner. Mais aussi les camarades avec qui ont partage son quotidien. Comme de nombreux soldats devenus combattants, Marc Valette part patriote et chauvin, mais l’épreuve de la guerre longue pèse rapidement sur le moral, même pour lui qui se trouve souvent « plus protégé » que d’autres : « je n’aurais pas cru au début que la guerre aurait été si longue » écrit-il un an après le début du conflit. Ainsi, hostilité envers l’ennemi, patriotisme et moral fluctuent avec les expériences plurielles que provoque la guerre, la mort insidieuse et la « monotonie » d’une vie souvent sans relief. Le fatalisme l’emporte peu à peu, et avec lui le cafard et le monde des rumeurs.

Alexandre Lafon, février 2008.

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Vidal, Albert (1879-1943)

1. Le témoin

Albert Vidal est né à Mazamet (Tarn) le 22 août 1879 dans une famille de la bourgeoisie lainière protestante. Son père, qui avait été républicain sous l’Empire, meurt alors qu’Albert n’a que 3 ans, mais la famille et les amis relaieront ses idées politiques. Dans sa jeunesse, Albert Vidal récuse la carrière toute tracée dans le commerce international des laines. Peu assidu dans ses études, il obtient la première partie du baccalauréat avant de voguer vers l’Argentine (1898) où il achète de la matière première pour l’industrie mazamétaine du délainage en pleine expansion. De retour en France en 1900, il envisage de vivre de sa plume. Il participe à la création de la Revue provinciale qui va tenir difficilement de 1901 à 1905 à Toulouse ; il écrit des nouvelles et de courtes pièces de théâtre qui rencontrent un succès d’estime, mais ne lui permettent pas de vivre. Il doit donc, dès 1903, revenir à Mazamet et à la laine, mais il continuera à écrire pour son plaisir. Ses descriptions de la ville industrielle, paysage, travail, coutumes, comportements patronaux et ouvriers, ont un grand intérêt pour l’historien. Militant laïque au parti radical-socialiste, il est maire de Mazamet en 1912 pour assurer un intérim ; il est également président du club de rugby.

Après la guerre, il se marie et aura trois enfants. Son entreprise connaît la prospérité des années 20 et la crise des années 30. Partisan du Front populaire, hostile aux dictateurs, il joint les actes à l’écrit en transformant ses magasins de laine en hôpital pour les blessés républicains espagnols en 1939 et en rédigeant des textes contre Franco. Après la défaite de 1940, il parle et écrit contre Vichy et les Allemands. Il meurt de maladie le 25 janvier 1943. Sa femme a été une des premières conseillères municipales de Mazamet en 1945.

2. Le témoignage

Sur la période 1914-1918, on dispose des textes suivants :

– le manuscrit intitulé « Loin des tranchées. Journal d’un embusqué », 33 pages ; l’original est dans le fonds Vidal aux Archives du Tarn

– trois brèves notes publiées dans La Paix par le Droit, janvier 1918, p. 10-13, signées « A. V. volontaire à l’armée d’Orient »

– le premier acte d’une pièce sans titre et sans date, écrite après 1929 puisque les deux autres actes concernent la crise ; Archives du Tarn et Le jeune homme qui voulait devenir écrivain, p. 177-184

– quelques évocations de la guerre dans des notes des années 30 : Le jeune homme…, p. 205-207

– à quoi il faut ajouter une nouvelle écrite en 1902, intitulée « L’Allemande », publiée en 1903 et reprise intégralement dans Le jeune homme…, p. 93-103.

3. Analyse

La nouvelle « L’Allemande » a été écrite d’après ce qu’il a observé dans le milieu bourgeois où on employait des jeunes filles étrangères pour s’occuper des enfants ; ces personnes avaient un statut ambigu et elles étaient jalousées par le personnel domestique. D’autant que les Allemands, depuis 1870, avaient la mauvaise réputation d’être des « voleurs de pendules ».

Réformé pour raisons médicales, Albert Vidal a cherché à s’engager. Il y a réussi en janvier 1915, mais a dû rester plusieurs semaines au dépôt, d’où le titre du journal qu’il a commencé alors à tenir : « Loin des tranchées. Journal d’un embusqué ». Par la suite, il ne modifie pas son titre car il ne s’estime pas un vrai combattant. Il conduit des camions en Lorraine en 1915 et dans la grande noria de ravitaillement de Verdun en 1916. Volontaire pour l’armée d’Orient, il arrive à Salonique en juillet 1916, toujours conducteur de camions, et reste dans les Balkans jusqu’en novembre 1917. A cette date, il obtient une permission, passée à Mazamet. En 1918, il est en Vénétie, mais n’a rien écrit sur cette expérience. La dernière date mentionnée sur son journal est le 3 novembre 1917.

C’est, au total, un témoignage intéressant sur la vie d’un conducteur de camions. Même si ses conditions de vie furent parfois très dures, on y était relativement peu exposé au danger. Albert Vidal n’a pas remis en cause son patriotisme : il fallait vaincre le militarisme allemand. Mais il a pris conscience de l’existence d’un militarisme français et il fustige les erreurs, les brimades, les abus de pouvoir des officiers.

Les textes envoyés à son ami Jules Puech (voir ce nom), rédacteur de La Paix par le Droit, complètent les pages sur les Balkans. Le morceau intitulé « Les laboureurs soldats » est un hommage aux combattants serbes ; « La Foi » critique l’ambiguïté de la politique grecque ; « La tempête de neige » décrit les conditions de vie dans la montagne.

Le premier acte de la pièce mentionnée plus haut se déroule « dans un salon bourgeois en 1920 », en fait à Mazamet dans le milieu que connaît l’auteur. Y apparaissent d’intéressants profiteurs de guerre, des gogos en admiration devant Clemenceau ; le personnage de Colombié représente Albert Vidal lui-même, et l’acte est l’occasion d’exposer les circonstances de son engagement et de définir son attitude vis à vis de l’armée, de revenir sur son souci de se faire respecter par les officiers.

Les notes des années 1930 sont l’occasion d’un retour désespéré sur les illusions du temps de la guerre. Le passage suivant est révélateur de cet état d’esprit : « Pendant les permissions, ils nous accablaient des hauts faits d’aviateurs ou d’agents de liaison. On les sentait poliment incrédules devant le détail de notre misère. Ils nous offraient un cigare ou un petit verre – quelquefois les deux – et retournaient à leurs bénéfices en nous encourageant avec bonne humeur : « On les aura. » Ils nous ont eus. Par un petit matin de 1915, ce père de famille, vous savez ce qu’on en a fait. Sa veuve n’a pas de pension. Et quand on parle de la guerre, ses enfants tremblent de colère et de honte. Et pourtant il n’avait pas fui. » [allusion à une exécution]

4. Autres informations

– Tous les manuscrits d’Albert Vidal, la correspondance reçue, et de nombreux autres documents sont déposés aux Archives départementales du Tarn, sous la cote 141 J.

– Pour une vue générale de la vie d’Albert Vidal et la transcription d’une partie de ses œuvres, voir Albert Vidal et Rémy Cazals, Le jeune homme qui voulait devenir écrivain, Toulouse, Privat, 1985, 255 p.

– Deux photos d’Albert Vidal pendant la guerre, dans Traces de 14-18, sous la direction de Sylvie Caucanas et Rémy Cazals, Carcassonne, Les Audois, 1997, p. 46. Une photo, au camp de Zeitenlick, dans 500 Témoins de la Grande Guerre, p. 437.

Rémy Cazals, 02/2008

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Clavel, Marcel (1894-1976)

1. Le témoin

Marcel Clavel vient d’une famille assez aisée et très instruite et cultivée. Son père est percepteur à Toulouse. En juillet 1914, Marcel est admis à l’Ecole Normale Supérieure. Il est mobilisé le 5 septembre et rejoint le 15e RI à Albi. Puis il part près de Pézenas pour suivre une formation d’officier réservée aux élèves des grandes écoles. Le 5 décembre, il est promu sous-lieutenant et affecté au 164e régiment d’infanterie. Sorti premier du peloton d’instruction, il part pour le front le 10 janvier 1915, à Ypres, pour une période de deux ans et demi, dans une unité de première ligne, le 81e RI de Montpellier. Le 8 juin 1915, il est nommé lieutenant. Le 10 octobre 1915, il est promu au grade de capitaine.

Il a reçu trois citations, la première pour les attaques de mars 1915 à Beauséjour, la seconde pour l’offensive de septembre 1915 dans les secteurs de Souain et de Tahure, et la dernière pour les attaques de Thiaumont en août 1916, où il a été blessé à l’épaule gauche. En 1917, il part, en tant qu’officier détaché du 81e RI, s’occuper de l’instruction de divisions américaines. Le 25 février 1919, il est démobilisé.

Il part à Oxford pour préparer un diplôme sur l’armée anglaise vue par Kipling. En 1920, il retourne à l’Ecole Normale pour passer l’agrégation d’anglais, qu’il obtient brillamment, et il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire pour faits de guerre. Il débute sa carrière à l’université de Michigan aux États-Unis en tant qu’agrégé d’anglais détaché. Pendant quatre ans il rédige sa thèse sur Fenimore Cooper. En 1925, il revient en France, il est d’abord nommé au Grand Lycée de Marseille, puis il devient professeur de langue et de littérature anglaise à la faculté des Lettres de l’université d’Aix-Marseille. Il est proposé pour le grade d’officier comme chef de bataillon d’infanterie attaché à la mission de Liaison auprès de l’Armée britannique en 1940. Plus tard, il quitte l’armée comme lieutenant-colonel de réserve.

2. Le témoignage

– Lettres et cartes originales : Archives départementales de la Haute-Garonne, sous-série 1J 181 (710 pièces).

– Deux versions dactylographiées de la correspondance, intitulées Ultime témoignage sur la première guerre mondiale par un conscrit de la classe 14, normalien de la promo 14 à l’Ecole normale supérieure, agrémentées de documents divers : Archives départementales de la Haute-Garonne, sous-série 1J 182 ; Bibliothèque municipale de Toulouse (598 p.).

– RIONDET Aurore, « Ultime témoignage sur la Première Guerre mondiale par un conscrit de la classe 14 » : La correspondance de Marcel Clavel (1914-1917), mémoire de Master 1 sous la direction de Rémy Cazals, Toulouse II Le Mirail, 2006, 276 p (144 p. de lettres retranscrites).

3. Analyse

(Référence aux pages du mémoire d’Aurore Riondet)

Expérience combattante :

– découverte de nouvelles régions et des populations locales : p. 199-200,

– sur l’ingéniosité des Belges et leurs coutumes, voir la lettre du 21 janvier 1915, p. 75.

– descriptions précises des secteurs occupés : p. 200,

– pour une description d’une tranchée et des informations sur son organisation, voir la lettre du 23 janvier 1915, p. 76

– vie quotidienne dans les tranchées (conditions de vie, temps de détente et repos) : p. 201-203,

– sur le travail incessant dans les tranchées, voir la lettre du 30 octobre 1916, p. 179.

– rôle du chef (moral combattant, privilèges, courage et protection) : p.204-207.

Sentiments d’un jeune combattant :

– relations familiales (lien affectif, demandes d’informations, sentiment national) : p. 209-211,

– sur son enthousiasme à partir sur le front, voir la lettre du 7 septembre 1914, p.49.

– perceptions de la violence (perte de camarades, force morale, soutien spirituel) : p.212-215,

– sur la douleur de la perte d’un camarade proche, voir la lettre du 17 août 1916, p.172.

– perception des « autres » (rapports avec le Commandement, avec l’ennemi, avec les civils), p.216-219,

– sur l’attribution des récompenses militaires, voir la lettre du 17 août 1916, p. 173.

4. Autres informations

– Registre matricule : Archives départementales de la Haute-Garonne, série 5416W6.

Historique du 81e Régiment d’Infanterie (campagne 1914-1917), par le caporal Gabriel Boissy, 1918, aux Impressions Mistral Cavaillon, numérisé par Lucie Alle, consultable sur www.1914-18.org, rubrique Historiques-Régiment d’infanterie.

– Documents relatifs à la vie de Marcel Clavel (articles, brochures…) : Archives départementales de la Haute-Garonne, sous-série 1J 183.

Aurore Riondet, 12/2007

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Capot, Valéry (1891-1970)

1. Le témoin

Valéry Capot est né le 6 mai 1891 à Feugarolles (Lot-et-Garonne). Classe 1911, incorporé normalement à l’automne 1912. Célibataire, titulaire d’un brevet simple et ayant suivi une préparation militaire, il est nommé caporal dès son incorporation au 9e RI d’Agen. Sergent, puis adjudant à partir de la fin 1917. Au dépôt en 1918 pour la formation de la classe 1919 puis retour au front en juillet. Démobilisé en août 1919, il retourne à Buzet-sur-Baïse et s’installe comme pépiniériste.

2. Le témoignage

Les carnets de Valéry Capot sont conservés sous deux formes : la première, ce sont ses carnets tenus pendant la guerre, écrits au crayon, au nombre de 14, versés par sa femme aux Archives départementales de Lot-et-Garonne (cote 90 J 814). La deuxième, constituée du « Carnet de Route », en fait trois carnets dont deux portent au propre la retranscription allégée des carnets de guerre entreprise au moment où V. Capot est à Agen pour superviser l’instruction de la classe 1919 entre février et août 1918, et l’un indique son parcours par secteurs et par mois de guerre. Le tout étant destiné à ses parents. Un passage de l’introduction du « Carnet de route » évoque les originaux : « Ils sont là devant moi ces pauvres compagnons de misère écrits au hasard de la mêlée, sales, écornés, tordus, mais cependant si chers ! Un à un je vais les prendre, et ce sont eux maintenant qui vont vous retracer ma triste vie passée. » La comparaison des deux supports permet d’approcher le travail de réécriture : ce qui a été gardé, ce qui a été éliminé (notamment tout ce qui touche au vocabulaire employé « sur le moment », puis gommé). Deux études se sont appuyées sur ce témoignage : Solès Bertand, Lafon Alexandre, Agen et les Agenais dans la Grande Guerre, Ed. Alan Sutton, Saint Cyr sur Loire, 2004 ; Lafon Alexandre, « Genèse et conséquence d’un échec : l’offensive Nivelle vécue par un lot-et-garonnais », dans Bulletin des Amis du Vieux Nérac, n°42 – 2007, p. 7-29.

3. Analyse

Conservateur, voire réactionnaire, V. Capot entre en guerre avec le sentiment de participer à un événement historique de grande ampleur, demandant son sacrifice, appelant un devoir sans réserve. La guerre vécue le surprend et l’oblige à modifier son point de vue. Présent à toutes les grandes offensives (Marne 1914, Champagne et Artois 1915, Verdun 1916 lors de laquelle il est évacué pour maladie, Moronvilliers le 17 avril 1917), il ne participe pas aux principales phases militaires du printemps et de l’été 1918. On suit à travers ses pérégrinations à la fois le parcours géographique des soldats, mais également les différentes affectations auxquelles ils pouvaient être soumis (stages, perfectionnement dans certaines armes, tenir la coopérative du régiment…). Son témoignage porte la marque d’un regard curieux (découverte des territoires parcourus, découverte des hommes). On retrouve des thèmes bien connus : la camaraderie avec les « pays », les conditions de vie, les combats, la colère envers les généraux que l’on ne croise pas dans les tranchées. D’autres un peu moins : la place du sport, les rapports aux gradés et notamment le regard d’un sous-officier de réserve, promu au feu. Le fil de la lecture est aisé à suivre puisque l’auteur a le souci de faire entrer le lecteur (ses parents) dans ses pensées, ses réflexions. Il est aisé ainsi de suivre l’évolution de son moral, le choc qu’a été la découverte de la guerre vécue, les « remobilisations » avant les grandes offensives, le rôle des sanctions positives (médailles). Les notes qu’il peut prendre pendant la préparation de l’offensive Nivelle en 1917 sont particulièrement instructives, comme celles qui concernent l’après armistice et le rôle donné aux régiments d’infanterie dans le maintien de l’ordre (mai 1919).

Alexandre Lafon, 12/2007

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Bargy, Pierre (1896-1923)

1. Le témoin

Né le 29 janvier 1896 à Meymac (Corrèze). Ses parents tiennent une boucherie. Un de ses oncles est médecin. Baccalauréat en 1913. Inscrit à la Faculté de Médecine de Lyon où il peut suivre deux années de formation avant la mobilisation. Section d’infirmiers du 11e RI, puis médecin auxiliaire en mars 1916. Affecté au 30e Bataillon de tirailleurs sénégalais, sur le front de la Somme du 12 mai au 23 août 1916. Armée d’Orient jusqu’en mai 1918. Après la guerre, il termine son cursus et devient docteur en médecine en 1922. Mort l’année suivante. Sa famille a fait marquer sur sa tombe : « victime de la Grande Guerre ».

2. Le témoignage

Carnets tenus du 25 juin 1916 au 13 juin 1917. Quelques lettres et cartes postales en complément.
Carnets retranscrits par Pierre Chassagne en annexe (54 p.) de son mémoire de maîtrise : Un combattant de 1914-1918 : Pierre Bargy, Université de Toulouse II, 2000, 118 p., avec portrait de P. Bargy et autres illustrations.

3. Analyse

Ayant un certain bagage intellectuel, Pierre Bargy n’insère cependant dans ses notes aucune construction rhétorique sur le thème de la patrie. Il soigne les blessés allemands ; il note que les prisonniers aident à transporter des blessés français. Nombreuses informations sur les conditions matérielles. Fines observations sur les combattants de son unité, les tirailleurs sénégalais en particulier, sur le commandement, sur les forces alliées, sur l’ennemi. Il analyse diverses rumeurs. Vision intéressante de Salonique et de la Macédoine.
4. Autres informations
– Rémy Cazals, « Culture de guerre, culture de paix. Retour sur les témoignages de combattants », dans Histoire, défense et sociétés, revue de l’ESID, Université de Montpellier III, n° 1, 2004, « Guerre, paix et sociétés. Pour une histoire totale », p. 59-74.

Rémy Cazals, 12/2007

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