Deries, Léon (1859-1933)

Léon Deries, La terre qui ne meurt pas, collection France, Librairie Berger-Levrault, 1918, 64 pages.

1. L’auteur
Armand, Jean, Léon Deries, né à Angers (Maine-et-Loire) le 22 septembre 1859 était agrégé d’université et enseignant. Il est inspecteur académique de la Manche de 1892 à 1923, date à laquelle il part à la retraite. Agé de 55 ans en 1914, il semble ne pas avoir été mobilisé. On lui connait une fille, Madeleine, qui sera également une brillante universitaire. Il écrit une dizaine d’ouvrages dont ce La terre qui ne meurt pas, qui semble être le seul qui traite entièrement de la Grande Guerre. Qualifié de « fin lettré, un humaniste distingué, connaissant à fond les littératures anciennes, un chercheur passionné de l’inédit, doué d’une vive intelligence et d’une érudition à laquelle s’ajoutait une activité débordante (selon sa biographie dans Wikipédia citant L’Ouest-Eclair) », il décède le 5 avril 1873 à Saint-Lô (Manche) à l’âge de 73 ans.

2. Analyse
Dans un petit opuscule de la « Collection France », Léon Deries livre 14 chapitres hommages à la terre et à ceux qui la travaillent. Il fait une analyse qui se veut profonde du lien entre l’homme et le terroir, rappelant d’abord leur lien ancestral, parfois perdu dans les habitudes ; il dit : « Nous vivons et nous ne savons même plus à qui nous sommes redevables de notre existence » (page 17). Circonstances obligent, il multiplie les figures de style, parfois audacieuses, faisant le lien entre les différentes composantes d’une nation en arme. Ainsi, il compare les paysans qui n’ont pas été mobilisés, ces vieillards « doublement vieux, vieux par les années et vieux aussi par les souffrances » (page 46) à une armée dont le fusil est l’outil, la faux ou le râteau : « Pauvre armée aux rangs clairsemés, défaillante et débile, dont les efforts auraient été impuissants si à elle ne s’étaient jointes deux autres armées, l’armée des femmes et l’armée des enfants ! » (page 18). Il n’oublie pas que ce sont bien les femmes qui ont assuré les vendanges à la place des hommes, lesquels ont déserté la terre qui nourrit pour celle qui combat, tue et meurt dans une guerre qui nivèle une terre elle-même désertifie (page 44). Il évoque tout autant la « mobilisation des enfants » (page 51), ces fils qui ont remplacés les pères aux champs, et ces filles à la conduite des bêtes devant la charrue, certains donnant leur vie également dans les accidents d’un quotidien besogneux qui lui aussi comporte bien des dangers mortels. Deries n’oublie pas non plus le retour diminué des mutilés, ces « revenants dans les campagnes » (page 56). Au final, cet hommage à la terre, aux hommes, aux femmes et aux enfants qui nourrissent, se destine à tous les contemporains, avec des adresses plus particulières, distillées ci et là au fil des pages. Ainsi, il proclame : « Touristes du souvenir qui plus tard visiterez ces royaumes de la mort, devenus des royaumes de la vie, découvrez-vous. Vous ne rencontrerez plus le grand vieillard qui est allé dormir avec les aïeux son dernier sommeil, mais vous rencontrerez ses fils et petits-fils, et, en les saluant, ayez pour l’aïeul un souvenir, un pieux souvenir de respect, amour et de reconnaissance » (page 47). On ne peut à la lecture de ces mots que penser aux paysans qui ont redonné jusqu’à aujourd’hui leur aspect aux terres du Nord, du Chemin des Dames ou de la Champagne. Toutefois, le chapitre « L’entente des cœurs et l’entr’aide des bras », qui célèbre une concorde intérieure arasant les querelles de toutes sortes entre les français, est un vœux pieux. Les dernières lignes closent l’hommage aux gens de la terre, de la vigne, de l’herbe ou de l’arbre, et révèlent ce que l’ouvrage proclame, en ce début de 1918 (l’ouvrage est publié en février) : « C’est parce qu’ils ont pour elle le même amour indéfectible que la terre de France n’est pas morte, qu’elle survit et survivra au plus formidable ouragan qui ait jamais secoué le monde jusqu’au plus profond de ses entrailles » (page 63).

La table des matières résume la progression de l’opuscule : « A la fin de juillet 1914 », « L’appel du 1er août », « La plaie béante de la France des champs », « La campagne de France à vol d’oiseau », « Un miracle de patience et d’énergie », « À la porte de Paris », « Aux pays des herbages », « Aux bords de la Loire », « Au pied des Alpes », « Sur le sol des pardons », « Au seuil de la bataille », « L’entente des cœurs et l’entr’aide des bras », « Les revenants dans les campagnes » et « La terre de France qui vit toujours ».

Yann Prouillet, juillet 2025

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Genevoix, Maurice (1890-1980)

Maurice Genevoix, Trente mille jours. France Loisirs, 1980, 251 p.

Résumé de l’ouvrage :
À quelques mois de sa mort, Maurice Genevoix, revient sur son enfance, sur sa vie, militaire, comme littéraire, avec les succès qu’il a connus, du Prix Goncourt (1925) à l’Académie française (1946). Il appuie son récit sur quelques épisodes marquants (sa recherche de maison, son enfance, ses études, ses voyages, sa pratique d’écriture, alternant livres de guerre et romans, ses prix littéraires, etc.), mâtinés de souvenirs militaires, de son service au 144e RI (1911) à son entrée en guerre avec le 106e RI le 22 août 1914. Il revient aussi sur son « coup de veine » puis sa grave blessure, atteint de trois balles et quelques courts tableaux qui ont marqué sa mémoire.

Eléments biographiques :
Né le 29 novembre 1890 à Decize (Nièvre), il meurt d’une crise cardiaque le 8 septembre 1980, alors qu’il est en vacances dans sa maison d’Alsudia-Cansades, près de Xàbia (province d’Alicante), en Espagne. Nous ne reprendrons pas dans cette notice l’immense carrière et la biographie de celui qui fut l’un des plus illustres témoins de la Grande Guerre, les éléments le concernant étant facilement acquérables sur Internet.

Renseignements tirés de l’ouvrage :
Dans Trente mille jours, quelques épisodes disséminés évoquent son « expérience » militaire. Page 95, il évoque le statut particulier qu’il choisit pour son service militaire. Il dit : « En 1911, un statut particulier précisait les obligations des jeunes Français admis aux « Grandes écoles ». Comme tous les citoyens, ils devaient à leur pays deux années de service militaire. Mais ils pouvaient, à leur convenance, opter entre deux solutions : ou bien s’acquitter d’abord d’une première année « dans la troupe », la seconde seulement après leur temps d’école et, cette fois, comme officiers. Ou bien entrer d’emblée rue Descartes [Polytechnique] ou rue d’Ulm [École normale supérieure], et accomplir ensuite et d’une traite les deux années de service. C’est la première solution qui nous était judicieusement conseillée, et c’est elle que j’ai choisie ». Il fait son temps à Bordeaux, au 144e RI, et se souvient d’une rixe qui aboutit à une citation « pour avoir courageusement participé à l’arrestation d’un malfaiteur dangereux » (p. 102). Il revoit l’affichage de l’ordre de mobilisation générale et de son ordre de rejoindre le 106e d’infanterie. Il dit : « Un engagement déjà sévère, le 22 août, aux abords de Cons-la-Granville ; fit appeler le premier renfort, dont j’étais » (p. 113). Suit son baptême du feu, la bataille de La Marne, ses engagements aux lisières de Rembercourt-aux-Pots puis de sa campagne jusqu’aux Eparges et sa rencontre avec Porchon (fin p. 124). Il y revient quelques pages plus loin, se souvenant des hommes qu’il a perdus, évoquant d’autres camarades comme Alain-Fournier (p. 133 et 139) ou Louis Pergaud (p. 134) dont il apprend leur mort à quelques pas de sa propre position. Il évoque un peu plus loin de la même façon les camarades de la promo Lakanal 1912 dont il fait le macabre relevé des 19 tués au fil des années de guerre (p. 167). Il se souvient aussi de l’attaque allemande sur la Tranchée de Calonne et les circonstances de sa triple blessure, précisant bien entendu qu’il a déjà écrit tout cela dans Ceux de 14, mais il complète : « J’y reviens après soixante ans, incité ou plutôt obligé par des raisons qui touchent directement à l’inspiration même et, j’espère, à la justification du livre que j’écris aujourd’hui » (p. 137). Page suivante, il évoque son « coup de veine », cet obus qui explose derrière lui sur un parados aux Eparges, et qui ne lui occasionne que quelques légères brûlures (p. 138 et 139). Enfin, il invoque la mort qu’il a pu donner. Il dit : « Il était entendu qu’à la guerre on tirait sur des inconnus que l’on ne voyait pas ; ou seulement sur de vagues silhouettes, aperçues dans un éloignement qui les dépersonnalisait ». Mais il précise juste après : « Deux fois au moins, dans la nuit de la Vaux-Marie, et le matin du 18 février, lors de la première contre-attaque allemande au Eparges, j’ai tiré sur des hommes que je voyais assez pour me rappeler aujourd’hui leur visage » (p. 236). Il contrebalance cet aveu par cet épisode qui illustre le live and let live. Il dit : « … j’ai vu la peur et l’angoisse de mourir dans les yeux du sergent allemand qu’avec trois de ses hommes nous venions de faire prisonniers. Avant de les lancer à l’assaut contre nous, leurs chefs les avaient persuadés que nous fusillions les captifs » mais qu’il épargne et rassurer, conversant avec eux dans leur langue, provoquant leur apaisement et l’aveu : « Je ne suis pas prussien, je suis souabe » (p. 237).
Au final, Trente mille jours n’est pas à proprement parler un livre de souvenirs de guerre mais un complétif de l’œuvre de guerre de Maurice Genevoix dont les pages ne forment qu’une incomplète et quelque peu redondante parfois (à plusieurs reprises il réécrit deux fois les mêmes lignes (cas d’Alain-Fournier, du blessé agonisant ou du « coup de veine ») synthèse.

Yann Prouillet, 8 juillet 2025

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Husser, Philippe (1862-1951)

Philippe Husser, Un instituteur alsacien. Entre France et Allemagne. Journal de Philippe Husser, 1914-1951, La Nuée bleue, 1989, 428 p.

Résumé de l’ouvrage :
Le 2 août 1914, Philippe Husser, instituteur alsacien domicilié à Mulhouse, débute un journal de guerre, qu’il va continuer, la paix revenue, pour ne l’achever que le 14 avril 1951, quelques semaines avant sa mort. Il rédige ainsi 9 carnets, en français et en allemand en fonction des périodes (par exemple, il repasse au français le 5 décembre 1918) dans lesquels il raconte sa vie et celle de son environnement proche comme familial. L’ensemble, très dense, forme un témoignage très profond sur l’Alsace du sud pendant les deux guerres, avec une vision politique dans l’entre-deux-guerres. L’ouvrage est décomposé par les présentateurs en grandes périodes : La guerre (1914-1918), Malaise et déchirements (1918-1924), Oui au particularisme, non aux autonomistes cléricaux (1924-1932), « Tragédie alsacienne » : dernier épisode (1932-1951)

Eléments biographiques :
Philippe Husser naît à Sundhoffen (Haut-Rhin) le 29 août 1862 d’un père tisserand. Il n’a pas 9 ans quand l’Alsace devient une province du Reichsland. Après une scolarité linguistiquement mixte, puisque l’allemand obligatoire est introduit dès 1871, il entre à l’école préparatoire puis à l’Ecole normale d’instituteurs de Colmar. A la fin de ses études, en 1882, il obtient un prix spécial, en récompense des progrès réalisés en langue allemande, sa langue maternelle restant le français. Le 1er mai 1882, son premier poste enseignant est à Munster puis, trois ans plus tard, il gagne Mulhouse qu’il ne quittera qu’à sa retraite en 1928, après une carrière de 40 années comme instituteur. Il évoque enseigner dans un établissement à statut spécial qui consiste à dispenser un enseignement en français, même au-delà de 1900, grâce à la tolérance de l’Administration allemande. L’ouvrage est ainsi très instructif sur l’enseignement en Alsace à cette période, ses statuts et son particularisme, notamment sur les écoles interconfessionnelles. Le 24 août 1891, il épouse Marie Boeschlin, avec laquelle il aura trois filles : Marie, en 1892, Lucie, en 1893, qui deviendront toutes deux institutrices (dont le 1er poste de remplaçante dans une école de fille de Dornach survient le 21 octobre 1915) et Jeanne, qui voit le jour en 1898 et qui restera sans profession malgré son admission aux Beaux-arts en décembre 1920. Elle se marie à un français le 29 octobre 1921. Il s’inquiète pour elles à la fin de la guerre. Il devient grand-père (sa fille Lucie) le 31 octobre 1925. Politiquement, Philippe Husser est un progressiste. Dès 1890, il est membre de l’association des instituteurs libéraux et entre au comité directeur de la Oberländische Schulzeitung puis, en 1916, devient rédacteur en chef de l’Elsass-Lothringische Schulzeitung, fonction qu’il cesse à la fin de la guerre. La guerre déclenchée, il se « réfugie » un temps rue Herrenweg à Sundhoffen, dans la maison familiale de son épouse, et regagne Mulhouse pour la rentrée scolaire de septembre 1914, le 13. Sa culture comme sa conscience politique, son statut et ce poste le placent au centre des agitations politiques qui divisent l’Alsace au cours de toute son existence, et plus encore lors de deux grands épisodes de guerre de sa longue vie. Né français, il devient allemand en 1871, redevient français en 1918 (il dit, le 27 novembre : « Après tout, être français, ce n’est pas si mal » (p. 129)) puis à nouveau allemand en 1940 avant le retour définitif à la France en 1945. Son journal civil, contenant ces deux périodes de guerre, témoigne du tiraillement de ces fluctuations politiques. Il n’est d’ailleurs pas toujours tendre sur les Alsaciens. Au départ du retour à la France, la situation s’améliore rapidement mais la lune de miel est de courte durée, les premières dissentions apparaissant dès le début de 1919. Sur le plan de son métier, Philippe Husser est critique sur la francisation et l’enseignement du français. Le 21 avril 1920, après un rapport d’inspecteur, il dit : « Ne voit-il pas que les enfants ne savent absolument rien ? Qu’ils sont des phonographes mal remontés ? » (page 178). Balançant constamment dans le sentiment mêlé entre France et Allemagne, le 7 novembre 1924, il dit : « L’impression unanime qui se dégage est que le joug français commence à peser plus lourd que jadis la botte prussienne » (p. 243). Il y revient plus loin, péremptoire, le 18 mai 1926 : « De 1918 à 1926, quel contraste ! Quel désenchantement ! Les paroles hostiles à l’égard de l’Allemagne avant la guerre furent des caresses en comparaison au rejet de la France aujourd’hui » (p. 261). Il prend sa retraite le 1er août 1928, faisant un bilan de ses 46 ans et 3 mois de bons et loyaux services. Faisant le 1er janvier 1942 une rétrospective de l’année précédente, il dit : « Il y a deux fins que j’attends : la mienne (j’ai quatre-vingt ans) et celle de la guerre. Laquelle des deux viendra la première ? J’aurais préféré une fin de vie plus heureuse » (p. 386).

Commentaires sur l’ouvrage :
Excellent témoignage d’un homme qui traverse le siècle des guerres dans une région tiraillée entre France et Allemagne, le journal civil et de deux guerres de Philippe Husser est un petit monument littéraire témoignant de la trajectoire du vécu d’un intellectuel francophile ballotté dans la « tragédie alsacienne » (terme qu’il emploie aussi en référence à sa fille Marie, francophile, et de son mari, qui choisira l’Allemagne pour ne pas être français et épousera l’idéologie nazie dès 1933. Marie devient de fait citoyenne allemande le 14 décembre 1920 : « comme la ville de Francfort fait partie de l’Etat fédéré de Prusse, elle est d’abord citoyenne de Prusse » (p. 190)). Parfois, il livre sa propre psychologie ; l’âge avançant, il dit, le 15 novembre 1924 : « Je ne crains pas la mort mais j’ai peur des souffrances. Je souhaite une mort foudroyante… » (p. 243). Dans une fiche de renseignement rédigée après le retour de la province à la France, il dit ne pas parler assez couramment le français. Au fil des pages, il ne cache rien de son état d’esprit et des affres de la Grande Guerre dans les régions de Colmar et de Mulhouse, si proche du front. Les pages sur l’entrée en guerre de l’Alsace, vue depuis Sundhoffen, sont éclairantes. L’ouvrage est également majeur sur son métier et l’instruction scolaire pendant la guerre. Sa classe reprend dès le 15 septembre 1914 mais il dit : « nous faisons plutôt de la garderie que de l’enseignement » (p. 45). L’ouvrage est particulièrement bien présenté par Alfred Wahl qui multiplie les notes explicatives ou complétives, éclairantes sur les données politiques ou les patronymes utiles à une compréhension plus profonde du récit et de ce qu’il contient de localisme et de particularisme alsaciens. Par exemple, sur l’envoi systématique des soldats sur le front de l’Est, l’accueil des soldats Français et la panique dans la province au cours des combats d’août 14, la défrancisation de l’Alsace, le problème du ravitaillement, les pénuries qui s’accumulent, la cherté de la vie et la différence entre les villes et les campagnes, l’effondrement allemand des dernières semaines de la guerre. En filigrane, le livre est également très éclairant sur la vie mulhousienne dans la Grande Guerre. On peut affirmer que le journal de Philippe Husser est honnête et particulièrement enrichissant. Il peut ainsi être comparé à celui de Charles Spindler, dont il a livré lui-même une opportune analyse, notamment dans sa pratique d’écriture, et auquel il se compare d’ailleurs. Il en dit, le 2 juin 1926 : « En essayant de lire L’Alsace pendant la guerre, de Spindler, j’ai pu constater qu’il s’agissait d’un journal comme j’en ai tenu un. Mais Spindler est un artiste en vue et dispose de relations étendues ; en conséquence, ses notes sont d‘un intérêt plus large que les miennes. Cependant, elles ne traduisent pas une totale franchise. Comme le journal a été rédigé en vue d’une publication, Spindler a pratiqué une sorte d’autocensure. Le livre n’aurait pas perdu de son intérêt si l’auteur avait évité d’y faire figurer des anecdotes triviales ou le mot « boche » (p. 262). De rares erreurs sont relevées : Traville pour Thiaville (p.44) ou fort Pombolle au lieu de fort de la Pompelle (p. 350).
L’ouvrage est enrichi de 7 annexes dont deux cartes de l’Alsace entre 1914 et 1951 et dans les deux guerres mondiales, d’une chronologie et d’un cahier central montrant Philippe Husser à différentes périodes de sa vie.

Renseignements tirés de l’ouvrage :
P. 26 : Vue du 2 août 1914 en Alsace
28 : Expulsion des Italiens
: Sur l’envoi des Alsaciens sur le front de l’Est : « Lors de l’engagement de Saint-Blaise, au tout début de la guerre [14 août 1914 ndr], sept cent trente Alsaciens sont passés à l’ennemi ; les populations locales ne sont pas mises au courant. L’idée d’envoyer les enrôlés sur le front russe est née au début de 1915. Au printemps début le transfert des éléments considérés comme les moins sûrs. A compter de 1916, tous les Alsaciens sont envoyés à l’est, puis écartés des postes sensibles. Après la fin de la guerre contre la Russie, ils sont de nouveau affectés au front oriental, mais soumis à une surveillance spéciale, puis, vers la fin, systématiquement isolés dans des unités allemandes. Ils n’auront plus l’autorisation de retourner en permission en Alsace. Enfin, un contrôle spécial est instauré pour leur courrier, qui doit être remis ouvert ».
31 : Wagons décorés
: Mise en état de défense des vergers de Sundhoffen, gâchis dans les cultures
33 : Note sur l’ambiance à l’arrivée des français à Dornach et la francophilie des mulhousiens le 11 août 1914, qu’Husser appelle « têtes brûlées »
34 : Sur le sentiment profond alsacien, et les rumeurs des exactions françaises
38 : Husser rapporte, par procuration : « Trois cuirassiers français se sont risqués jusque dans la rue de Bâle [à Colmar]. Des enfants on couru autour d’eux, si bien que les Bavarois qui arrivaient en face n’ont pu tirer ».
39 : Sur la consommation de bière des Bavarois
40 : Panique alsacienne le 23 août et « affaire » de Bourtzwiller, voir aussi la note 1 (vap 54 sur les fantasmes de guerre)
45 : Mulhouse est traitée comme ennemie à cause de son comportement en août 14
47 : Etat d’esprit des mulhousiens
50 : Sur le sentiment alsacien : « Il aime l’Allemagne et ne parvient pas à haïr la France », qu’il appelle Mme Marianne
54 : Se procure une baguette (badine) pour durcir l’éducation des jeunes de 3ème année
56 : Abattage des pigeons et suppression des libertés, la Schutzhaft (détention préventive)
: Note 3 sur la germanisation (donc défrancisation) (vap 57, 62, 69, 74 sur l’école, et 87)
: Mulhousiens regardant les combats sur les Hautes Vosges à la longue vue
60 : Anastasie de ses articles de presse (vap 51, 52, 54, 72, 88, 90)
61 : Expulsion des étrangers
62 : Sur la population de Mulhouse le 26 février 1915 : 89 000 habitants. « 20 000 sont partis soit à la guerre, soit à la suite d’une expulsion ou de l’émigration »
: Collecte de métaux
63 : Tickets (vap 75)
65 : Sur le comportement traitre de l’Italie, « exemple abject d’infidélité »
66 : Prix des denrées, inflation (vap 69, 74, prix comparés, 94, 95, 96, 98, 100, 101)
68 : Sécheresse et champs interdits
: Voit ses premiers prisonniers, chasseurs à pied ou alpins, décevants d’allure
: Condamnations pour attitudes profrançaises ou tenues de propos hostiles à l’Allemagne
69 : Patriotisme « douché » à Sundhoffen à cause du prix des denrées et de « l’occupation » par les soldats
70 : « Spectateurs » regardant la guerre à distance : « Des centaines de personnes sont montées au Rebberg pour voir le spectacle. Les plus téméraires – dont nous bien sûr – se risquent à 500 mètres des points d’impact »
73 : Adaptation de l’enseignement aux événements de la guerre (vap 93 sur le traitement spécial de la bataille de l’Aisne)
: Alsacien fusillé, note sur les 43 condamnations à mort prononcées
82 : Spectacle intéressant d’un combat aérien, entraînant le « premier congé pour cause de chute de bombes ». Note 1 : « Mulhouse a connu trente-quatre raids aériens au cours de la guerre »
84 : Note sur les écoles interconfessionnelles
85 : Note sur les déplacements en Alsace, coupée en deux par les 14ème et 15ème Armee Korps, avec une circulation interdite aux civils entre les deux secteurs
90 : Fonctionnement du service de presse, Vaterländischer Hilfdienst
94 : Miel synthétique (vap 110)
95 : Sur le ravitaillement, il dit : « Quiconque n’a pas de relations à la campagne est sous-alimenté »
: Arrive à Sundhoffen d’un détachement de boulangers et de bouchers roumains
: Note sur le ravitaillement et l’organisation à Mulhouse, cartes et détournement (vap 106 sur la différence entre ville et campagne)
99 : Démarches à effectuer pour la transport des vivres
: Menaces récurrentes d’évacuation de Mulhouse
100 : Acquiert une vache pour avoir du lait, voir la note 1 (vap 101 fonctionnement, 164 vente)
102 : Sur les hobereaux
104 : Sur les patriotes et les éléments francophiles de Mulhouse
: Conférence sur les otages alsaciens pris par les français et libérés, témoignages servant à la propagande
105 : Noël 1917
106 : Vert de gris
109 : Ramassage des feuilles par les enfants des écoles, séchées et liées en bottes
112 : Grippe espagnole
114 : Les trois devenirs possibles de l’Alsace le 11 octobre 1918 : soit un Etat confédéral allemand, soit un Etat-tampon neutre, soit une province française (vap 11 la conclusion)
117 : Sur le traitement de l’Alsace-Lorraine
118 : Exemples de francisations le 6 novembre 1918, fuite des Allemands de souche
119 : « Ab nach Kassel », expression signifiant partir sans laisser d’adresse
: Cocarde tricolores, rétorsions
120 : Le 11 novembre en Alsace. Ambiance, retour de marchandises, baisse des prix, changements immédiats, retour des français
121 : Retournement de veste des commerçants, des journalistes et des… enseignants !
128 : Note sur le changement de méthode d’enseignements (méthode directe) (vap 132)
129 : Persécution des Allemands de souche, pillage de leurs commerces
130 : Fermeture de la frontière à cause du danger bolchévik
142 : Premières dissensions après le retour à la France (vap 146)
143 : Marraines ou parrains français aux élèves
144 : Révocation de fonctionnaires
149 : 100 000 expulsés d’Alsace, 1 000 instituteurs révoqués, remplacés par des instituteurs venus de France
150 : Sur le dialecte : Elsässerditsch (dialecte alsacien) et Hochdeutsch (allemand littéraire)
155 : « Chant nègre » à la fin du culte « à vous faire dresser les cheveux sur la tête »
157 : Pèlerinage à l’ancien front (Cernay, Steinbach et Thann), description (vap 141, 222)
158 : Recherche des corps des batailles d’août par les familles françaises
: Cartes de sucre, de pain et de charbon le 1er mai 1919 (plus que le sucre au 29 juin)
162 : Ambiance au Traité de Versailles
171 : La Madelon
186 : Sur la réintégration des anciens fonctionnaires alsaciens sous le Reich
195 : Note sur les commissions de triage pour rechercher les Vieux-Allemands indésirables mais enquêtant aussi sur les Alsaciens d’origine
196 : Inauguration du monument aux morts de Sundhoffen (qui comporte 25 noms)
202 : Accident de la BASF à Ludwigshafen
205 : Sur le 11 novembre 1921, férié, mais politiquement, victoire à la Pyrrhus
206 : Note sur les organismes créés par les alsaciens-Lorrains repliés en Allemagne après 1918
210 : Collecte pour le monument du Hartmannswillerkopf
213 : Tabouis et Poincaré, qualifié de sadique
214 : Chiffres de l’inflation en Allemagne (vap 228, 231)
215 : Apparition du « problème juif » le 31 décembre 1922
222 : Reconstitution de Munster, renaissance dans laquelle « les vieux Munstériens détonent dans ce nouveau paysage »
230 : « Le cancer ! point de remède ; rien à espérer. »
314 : Ce qu’il pense du film À l’ouest rien de nouveau, qu’il voit le 16 janvier 1931 : il en dit : « Pourquoi l’a-t-on interdit en Allemagne ? Pourquoi cette méfiance ? Il n’y a pourtant rien de blessant pour l’Allemagne. Au contraire ; ce que ce film flétrit, c’est le « Kadavergehorsam » (l’obéissance aveugle) et le patriotisme fanatique, les deux fauteurs de guerre les plus efficaces »
349 : Sur la propreté des villages vosgiens : « Quelques villages entre Baccarat et Saint-Dié se distinguent cependant par leur propreté douteuse : des tas de fumiers bordent la rue devant les maison mal entretenues »
380 : 15 décembre 1941, nettoyage des bibliothèques, c’est-à-dire élimination obligatoire de tous les livres français ou non conformes à l’idéologie nouvelle

Yann Prouillet, 30 juin 2025

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Zeyssolff, Ferdinand (1899-1997)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Ferdinand Zeyssolff concerne les pages 185 à 194 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Ferdinand Zeyssolff naît à Gertwiller (Bas-Rhin) le 12 mai 1899. Incorporé dans l’artillerie lourde allemande en 1917, il dit avoir refusé d’être affecté sur le front de France. Il est affecté en Roumanie, occupée depuis 1916, puis est envoyé en Palestine pour combattre les anglais du général Allenby devant Jérusalem. Affecté à la mission militaire allemande auprès de l’armée turque de Liman von Sanders, il dit : « Une bonne entente régnait avec les Turcs. Ils se sentaient en sécurité en compagnie des soldats allemands » (p. 187). Mais, dans les vicissitudes de la Grande Guerre dans cette partie du monde, il décide, après le 28 février 1918, de déserter. Par chance, il est signalé comme prisonnier. Commence alors pour lui un incroyable voyage dans un monde en guerre, passant du front de Palestine, dans la région de Jéricho, dans le désert de Syrie, accompagné de mulets, dans lequel l’errance est aussi dure que dangereuse, assuré d’être fusillé s’il est repris. Le 19 septembre 1918, le front germano-turc s’effondre dans ce secteur. Chacun tente de rentrer par ses propres moyens par la Turquie, le sud de la Russie et la Roumanie. C’est la chance de Ferdinand Zeyssolff. En train, il arrive à Constantinople, prend un navire vers Odessa, qui prend feu, heureusement éteint par des marins expérimentés, le sauvant in extremis, et arrive sur les côtes russes en Ukraine, où la guerre entre les rouges et les blancs fait rage. Là il apprend la signature de l’Armistice. Il retrouve alors la Roumanie et finit enfin par gagner l’Alsace, par l’Allemagne du sud, achevant une épopée qui a tout d’une succession sans fin de miracles. Vigneron après-guerre, il meurt le 11 novembre 1997 à 98 ans.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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Schwintner, Joseph (1897-1998)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Joseph Schwintner concerne les pages 25 à 36 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Joseph Schwintner est né à Wackenbach, hameau de la commune de Schirmeck (Bas-Rhin), le 8 février 1897. Comme Léon Nonnenmacher, il est incorporé dans l’infanterie allemande le 8 septembre 1915 à l’âge de 17 ans, dans un bataillon de travailleurs. De fait il n’est pas encore militaire mais porte l’uniforme d’auxiliaire de l’armée. Il arrive dans la zone du front à Thorn, alors en Pologne prussienne. Il y découvre les Jakobsbaraken. Sa tâche consiste à étayer les tranchées creusées par les « polaks » en Russie, puis en France. Rapidement, au bout de 15 jours, il est affecté au 402e IR. Il vit en mars 1917 l’ordre n°1, promulgué par le Soviet et décrit l’anarchie russe qui s’en suit. L’armistice de Brest-Litovsk le ramène en France, à Metz, avant sa montée sur le front au Chemin des Dames puis en Flandre. Il est alors rapidement transféré à Ypres, en Belgique avant d’être redirigé sur Arras. Il est désigné pour servir d’ordonnance, « brosseur du lieutenant », qu’il assimile à un travail de domestique. Cet officier, par chance, parle le français couramment. Ce poste ne le libère pas complètement des attaques et il se retrouve servant de mitrailleuse. C’est à ce poste qu’il vit ses heures les plus dangereuses. Miraculeusement, il parvient à échapper à la mort (« la guerre, une absurde histoire de hasard » (p. 31)) et met en place une stratégie d’évitement. Il dit n’avoir pas « songé sérieusement à déserter » car « avec les Sénégalais [présents en face de son secteur] nous pensions que c’était risqué » (p. 32), même si beaucoup de camarades alsaciens l’ont fait quant à eux. Il finit par arriver « sans casse » jusqu’aux derniers jours de la guerre, dont il voit le délitement de l‘armée et la dégradation des officiers. Il se démobilise lui-même et rentre enfin dans la vallée de la Bruche retrouver son foyer. Bûcheron et scieur, il reprend son métier et décède à Schirmeck (Bas-Rhin) le 14 mars 1998 à l’âge de 101 ans.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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Nonnenmacher, Léon (1896-1998)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Léon Nonnenmacher concerne les pages 63 à 69 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Léon Nonnenmacher est né à Lixheim en Moselle le 3 janvier 1896. Posté dans le grenier de la maison familiale à Sarrebourg pour guetter l’arrivée des français, il a 18 ans quand il assiste à l’offensive en Moselle le 18 août 1914, qui lui laisse une forte impression. Il dit : « Au bout de quelques heures, des milliers de corps jonchent la campagne. Massacrés à la mitrailleuse ou au canon de 75 ou de 77, ces jeunes gens enthousiastes on perdu la vie sans même s’en rendre compte, tombés pour cette terre de Lorraine que la plupart ne connaissaient que par les leçons des instituteurs » (p. 64) avant d’aller ramasser les blessés et enterrer les morts sur le champ de bataille. Ses parents sont emmenés comme otages ; sa mère est emprisonnée puis rendue à la Moselle un an plus tard, passée par la Suisse, alors que son père est interné toute la guerre, travaillant dans un port de près de Nice. Orphelin, seul avec son frère dans la famille à Sarrebourg, il est incorporé dans l’infanterie allemande en Russie. Brest-Litvosk survenu, il apprend qu’il va être transféré sur le front Ouest, en France. Il dit sur la désertion des Alsaciens : « La perspective de tomber entre les mains des Français leur paraît bien plus réjouissante que celle de croupir dans un camp sibérien » mais le commandement est clair : « Si on en prend un qui essaie de se débiner, il sera immédiatement fusillé » (p. 67-68). Sa présence au front français correspond à des secteurs calmes, jusqu’à l’Armistice, jusqu’à son retour en Moselle, redevenue française. Exerçant la profession de tailleur, il meurt à Sarrebourg le 29 octobre 1998.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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Némery, Léon (1899-1995)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Léon Némery concerne les pages 123 à 131 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Léon Némery naît à Sedan (Ardennes) le 7 mai 1899 dans une famille de cinq enfants. Son père et son frère tiennent un petit magasin de coiffure. Il est un enfant moyen, qui ira à l’école jusqu’à 13 ans. Il vit rapidement l’occupation de sa ville. Sans s’étaler sur le moyen d’y parvenir, il raconte avoir passé en zone française pour finir par s’engager en juillet 1915; il a alors 16 ans, en mentant sur son âge, avec la volonté de « tuer des boches » (p. 126). Il est alors incorporé au 54e RI en juillet 1915. Manifestement de constitution frêle, il dit : « On m’a classé comme élève caporal ; pourtant, je n’étais pas bon en gymnastique, ni en tir. J’étais un type ordinaire, tout simple » (p. 127). D’abord affecté dans un secteur calme, il fait l’Yser et le Chemin des Dames. Mais c’est dans l’Oise qu’il reçoit une grave blessure, en 1918, par balle à la cuisse. Etant originaire des « pays envahis », il dit avoir bénéficié d’un traitement de faveur. Il est assez sobre sur la réalité de sa campagne. Après l’Armistice, son régiment entre Alsace et a la fierté d’avoir été choisi pour défiler à Paris le 14 juillet 1919, ce car il mesure 1,74 mètres, les candidats retenus devant faire entre 170 et 174 cm. Manifestement impressionné par cet épisode, il en dit : « Sur les Champs-Elysées, les gens étaient partout : dans les arbres, aux balcons… A certains endroits, on nous a lancé de l’argent. Nous n’avons pas eu le droit de le ramasser, mais les officiers avaient des pièces qui s’étaient logées dans leurs manches, qu’ils ont partagées avec nous. » (p. 130). Epicier puis ouvrier après-guerre, il raconte enfin avoir été fait prisonnier en juin 1940, mais qu’il est parvenu à s’évader en sautant d’un train en marche pour éviter la captivité. Il décède à Andlau, dans le Bas-Rhin, le 23 décembre 1995.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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Mater, Gabriel (1897-1998)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Gabriel Mater concerne les pages 107 à 122 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Gabriel Mater naît à Anthelupt en Meurthe-et-Moselle le 6 juin 1897. Il apprend la mobilisation générale dans l’Impartial de l’Est, il a 17 ans. Il enfourche son vélo et fonce à la frontière pour « voir ce qu’il se passait. Il ne s’y passe rien, puisque le gouvernement français a ordonné à ses troupes de reculer de dix kilomètres pour bien montrer au monde qu’il ne serait pas l’agresseur » (p. 109). Les Allemands arrivent dans le village le 22 août 1914, entraînant la fuite de la famille. Mais il est dépassé par la vague du front mouvant et retourne chez lui en plein combat. « Pour gagner de l’argent, je me suis mis à ramasser les douilles, celles de nos canons de 75 et des 77 allemands (celles de 75 m’étaient rachetées 2 francs pièce, c’était beaucoup pour l’époque) » (p. 112). Il parvient ainsi à se faire 2 000 francs de cuivre. A 18 ans, en juin 1915 , il passe le conseil de révision et est déclaré apte pour l’infanterie mais il choisit finalement de s’engager en Afrique, dans l’artillerie. Il passe un an à « regarder les saisons » ! (p. 113) à Hussein-Dey, près d‘Alger. Là il y retrouve des jeunes de son âge, déportés là à la suite de l’offensive allemande en Lorraine de 1914, et qui comme lui se sont engagés dans l’artillerie. Il rappelle à cette occasion : « Pour leur éviter le sort des traitres et des déserteurs, et leur garantir le statut de prisonnier de guerre en cas de capture par les Allemands, leur état-civil est modifié. « Sur leur livret, on inscrivait « natif de… (quelque part en France) » mais on les versait seulement dans l’artillerie. Là, il n’y avait pas beaucoup de risque d’être fait prisonnier » (p. 114). En janvier 1917, il passe au 54e RA où il est occupé à dresser des chevaux canadiens. Il est nommé brigadier et rejoint le front des Vosges, à Pierre-Percée (Meurthe-et-Moselle) où il découvre sans la comprendre la « Reboursite », accord tacite de limitation de l’emploi de l’artillerie hors des zones de front effectif et donc épargnant les localités (p. 115). En novembre, il est déplacé sur le front de la Somme puis presqu’aussitôt en Italie, à l’issue de la défaite de Caporetto. Il y tombe malade et connait là-bas l’Armistice du 4 novembre. Il part alors pour Salonique, au 140e RI, pour liquider les biens de la cuisine et les stocks. Il est enfin démobilisé à l’été 1919 et reprend sa vie à la ferme. Il décède à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) le 16 février 1998 à l’âge de 99 ans.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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Masson, Edmond (1894-1999)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Edmond Masson concerne les pages 93 à 105 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Edmond Masson est né à Neuchâtel en Suisse le 11 janvier 1894 mais il conserve la nationalité française. Il est issu d’une famille de huit enfants, dont un frère cadet disparait à Verdun le 24 juin 1916 et habite rue des Remparts à Pontarlier, en Franche-Comté. Sa préparation militaire lui fait acquérir les grades de caporal puis de sergent et la guerre vient le chercher alors qu’il est ouvrier dans une usine automobile. Sergent au 171e RI incorporé en septembre 1914. Il arrive en janvier 1915 dans les tranchées de la Woëvre, près de Verdun. Il est blessé par éclatement de grenade le 6 mai 1916 à la ferme de Navarin, en Champagne, en posant des défenses accessoires en avant d’un petit-poste. Il est cité à l’ordre de la brigade pour cet acte. Il participe à l’offensive du Chemin des Dames où il est blessé une seconde fois, par éclat d’obus, puis par une grenade lancée par l’allemand qui le fait prisonnier. Miraculé des combats, il manque d’être assassiné par un soldat par un soldat brutal. Il dit que sa captivité, dans deux camps, près de la frontière belge et le long de la mer du Nord, ne l’a pas traumatisé. Il y a même appris l’allemand, initiative qui lui permet de devenir interprète. Le soldat Masson est toujours en Allemagne aux derniers de novembre, quand éclate la Révolution ; il dit sur ces jours surréalistes : « Les Allemands sont des organisateurs. Ils organisent même la révolution ! » (p. 104). Edmond Masson revient à Pontarlier en janvier 1919 via un port d’Allemagne du Nord puis Cherbourg. Cheminot après-guerre, membre de plusieurs associations d’anciens combattants, il décède à Combs-la-Ville en Seine-et-Marne le 28 août 1999 à l’âge de 105 ans.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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Masson, Albert (1897-1999)

Jean-Noël Grandhomme. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre. La Nuée Bleue, 2006, 223 p.

Résumé de l’ouvrage :
Jean-Noël Grandhomme, historien et universitaire, a interviewé, de 1995 à 1999, 17 des derniers témoins du Grand Est (Vosges, Moselle, Bas-Rhin, Jura, Aube, Haut-Rhin, Meurthe-et-Moselle, Suisse et Ardennes). Des histoires d’hommes jeunes, tous nés dans la dernière décennie du XIXe siècle (de 1893 à 1899), jetés dans le conflit et qui se souviennent de leur parcours dans la Grande Guerre, à l’issue de laquelle ils ont miraculeusement survécu, et qui fut pour eux le plus souvent une aventure extraordinaire. L’auteur, spécialiste de la période, a opportunément résumé les entretiens et certainement gommé les erreurs cognitives, les confusions ou les anachronismes attachés à ces entretiens, réalisant un exercice dont il conclut que « l’enquête orale est d’ailleurs devenue une science auxiliaire de l’histoire à part entière depuis une vingtaine années », correspondant à l’ère des ultimes témoins. Il dit : « Avec ces derniers témoins, ce n’est pas seulement la mémoire de la Grande Guerre qui s’en va, mais aussi cette d’une société rurale, mêlée de rudesse et de solidarité. » Par son questionnement en filigrane ; « Quel regard ces anciens soldats, dressés les uns contre les autres par l’Histoire, portent-ils sur cette gigantesque conflagration ? Qu’en ont-ils retenu, et oublié ? Surtout, qu’avaient-ils à nous dire, à nous, Français et Européens du XXIe siècle, juste avant de disparaître ? » érigent cette œuvre mémorielle et testimoniale en véritable livre hommage. Plus profondément, chacun des témoins, servant dans les deux armées belligérantes, témoignent de leur implication soit dans l’armée française, soit en tant qu’alsaciens ou lorrains dans l’armée allemande, avec les particularismes ou des traitements différenciés attachés cette origine : engagement dans la marine, envoi systématique sur le front de l’est, distinction dans le commandement ou le statut de prisonnier, etc. Le chapitre consacré à Albert Masson concerne les pages 79 à 93 de l’ouvrage.

Eléments biographiques :
Albert Masson, né à Hagéville en (Meurthe-et-Moselle) le 18 février 1897, est incorporé dans les chasseurs alpins sur le front ouest et en Orient. Il est ouvrier boulanger près de Verdun en 1913 et patron par intérim à la déclaration de guerre, poursuivant son métier jusqu’à son incorporation, le 12 janvier 1916 au 19e BCP, comme chasseur de 2e classe. Il monte en ligne près de Châlons-sur-Marne puis participe à l’offensive de la Somme, où il est blessé. Il revient au front pour la terrible offensive Nivelle sur le Chemin-des-Dames. Son frère y est tué et lui blessé à la main le même jour. Revenu sur le front dans le Nord, il répond positivement à un appel à volontaire pour Salonique, qu’il rejoint finalement, au camp de Zeitenlik. En avril 1918, son bataillon traverse la Grèce pour monter en ligne à Monastir, en Macédoine, face aux Allemands et aux Bulgares, dont il dit qu’ils « étaient des assassins (…) ils achevaient les blessés » (p. 86). Le 6 août 1918, il reçoit une balle dans la tête, deuxième blessure, finalement peu grave, qui le tient éloigné du front pendant quelque semaines. Il rejoint son bataillon en septembre et constate la déliquescence du front alentour alors que, blessé de la tête, il est quelque peu « préservé » par ses supérieurs. La guerre terminée, il est employé à la boulangerie militaire de Zagreb et finit par rentrer en France en août 1919 ; « Cela faisait cinq ans que je n’avais pas vu ma mère » (p. 91). Gardant sa profession de boulanger après-guerre, il décède à Metz (Moselle) le 18 février 1999 à l’âge de 102 ans.

Yann Prouillet, 28 juin 2025

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