Un nouveau carnet de recherche : Lectures sociales de la guerre

Offrir un regard sur les conflits contemporains qui sortent des chemins balisés de l’histoire culturelle, voilà l’objet de ce carnet de recherche créé par des jeunes chercheur-e-s dont trois sont également membres du CRID 14-18. À la croisée de l’histoire, des sciences sociales et des sciences politiques, il a pour vocation de présenter une réflexion collective en cours d’élaboration sur les outils et les questionnements du socio-historien :

Ce carnet a pour objectif de permettre la mise en place d’un espace de travail scientifique pluridisciplinaire (sciences humaines et sociales) partagé entre doctorant-e-s, post-doctorant-e-s et chercheur-e-s plus avancés. Autour de la problématique « guerre », il s’agit de proposer un lieu de discussion (objets, méthodologie, problématiques, sources…) et de confrontation scientifique. Sur différents terrains (éducation, santé, médecine, littérature, armée, etc.), à travers des objets bien délimités et à des échelles variées (sociétés nationales, groupes sociaux, catégories ou groupes intermédiaires, individus) les discussions mettront en jeu des recherches en cours qui tentent empiriquement de saisir « ce que la guerre fait aux mondes sociaux et aux agents qui en font l’expérience ».

Anne-Sophie Anglaret (Paris 1, CRID 14-18)

Sylvain Bertschy (Montpellier 3, CRID 14-18)

Dimitri Chavaroche (Paris 1)

Marie Derrien (Lyon 2)

Philippe Salson (CRID 14-18)

 

Journée d’étude sur le rapport à l’ennemi dans les conflits contemporains

Anne-Sophie Anglaret (CRID 14-18) et Dimitri Chavaroche, tous deux doctorants à Paris 1 Panthéon-Sorbonne/UMR IRICE (Alya Aglan, Nicolas Offenstadt) organisent samedi 13 décembre de 13 h 45 à 18 h une journée d’étude intitulée « En face-à-face », salle Picard de la Sorbonne.

Les études historiques portant sur le rapport et la confrontation à un ennemi dans les conflits contemporains ont surtout été menées dans une perspective d’histoire culturelle. Si ces travaux ont l’intérêt de replacer les représentations de l’adversaire comme éléments fondamentaux de compréhension du déroulement des conflits et des conduites des hommes au combat, ils restent cependant essentiellement discursifs et n’épuisent pas le sujet. L’ennemi combattu est-il toujours une masse aux yeux de celui qui combat ? Peut-on supposer l’unanimité au sein d’un camp, en particulier en ce qui concerne la conception de l’ennemi et son rapport à lui ? La démarche culturelle a finalement laissé peu de place à l’étude des pratiques, de l’expérience, de l’échange aussi divers soient-ils, que la rencontre entre deux individus peut engendrer. Elle a également peu pris en compte la dimension diachronique, les évolutions possibles des représentations et des jugements de l’ennemi.

Les interactions ne sont qu’une approche parmi d’autres de l’étude des rapports entre adversaires. Elles restent néanmoins un moment privilégié pour observer les évolutions et expliquer la diversité des considérations de l’ennemi. Toutes les formes de conflits sont susceptibles de donner lieu à des situations où la question de l’adversité se pose à un micro-niveau. Il est donc possible, dans une perspective d’histoire sociale, de ne pas considérer l’individu en guerre comme le réceptacle passif d’une représentation dominante de l’ennemi, mais d’examiner plus précisément ce qu’il mobilise lors de la rencontre avec l’adversaire, et en retour l’expérience qu’il en tire. Il ne s’agit pas ici de supposer toujours à l’individu une liberté de choix, notion hautement problématique dans une situation de conflit, mais plutôt de prendre en compte son expérience concrète. Que se joue-t-il lors de ces rencontres ? Le face-à-face est-il un moment où s’entretiennent des rapports préconçus ou un lieu de redéfinition et de création de nouveaux liens ou de nouveaux affrontements ? Ces questions permettent d’embrasser des affrontements très différents et d’importants débats historiographiques.

Quelles sont les pratiques du combat sur les champs de bataille ? Comment se comporte une population civile face à une armée d’occupation ? Longtemps après le conflit, est-il réellement possible de commémorer ensemble, au-delà d’un côte à côte affiché ? Sans surinvestir le face-à-face, il nous semble utile de l’interroger parce qu’il met en prise directe des individus dans un moment particulier, réduit au laps de temps d’une rencontre. Il doit être envisagé dans son contexte spécifique. Le face-à-face permet ainsi de replacer la notion d’ennemi dans une relation non figée et dépendant de multiples facteurs. Si ces problématiques ont été pensées à partir de recherches sur les deux guerres mondiales, nous souhaitons ouvrir ces questionnements à l’ensemble des formes de conflits de la période contemporaine.

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