Traces rupestres de combattants (1914-1918) par Thierry Hardier

Ouvrage de 448 pages comprenant 580 illustrations couleur

Pendant la Grande Guerre, les combattants occupent durablement des carrières souterraines dans l’Aisne et dans l’Oise qui leur servent d’abris et de cantonnements. Ils réalisent sur leurs parois calcaires des milliers de graffiti, gravures et bas-reliefs. Cent ans plus tard, notre recherche entendait interroger cet énorme gisement de témoignages rupestres qui nous autorise à l’élever à la fois au rang de phénomène et de source directe.

Quelle est la nature de ces traces, leur intérêt, leur originalité mais aussi leurs limites ? Contribuent-t-elles à porter un regard nouveau, dans les domaines de l’histoire sociale et culturelle qui questionnent les combattants de la Grande Guerre ? Et dans ces domaines, mettent-elles en lumière des différences significatives entre Français, Allemands et Américains ?

De nombreux auteurs de traces furent d’abord animés par une préoccupation de nature existentielle en s’identifiant dans la guerre, dans le temps, dans l’espace ou dans la société, essentiellement par le biais de graffiti linguistiques identitaires.

Des combattants s’affirmèrent également dans la guerre en l’illustrant ou en montrant le sens et les ressorts de leur engagement dans le conflit. Les traces rupestres apportent aussi des éléments de réponses à l’une des questions que pose la Première Guerre mondiale : comment expliquer que des hommes aient « tenu » pendant quatre ans malgré des conditions de vie et des expériences souvent pénibles voire épouvantables ? Ces témoignages mettent ainsi en évidence le recours à « des béquilles » qui ont parfois aidé les hommes à traverser les difficiles épreuves du conflit. Il s’agit des liens sociaux tissés avec les camarades au sein des groupes primaires, de l’esprit de corps qui exalte la fierté d’appartenir à une communauté d’armes, du patriotisme et du recours à une foi parfois teintée de superstition.

Une dernière grande préoccupation a été, pour une partie des auteurs, de chercher une échappatoire à la guerre, d’oublier pour quelques instants leurs difficiles conditions de vie. S’échapper de la guerre s’oppose a priori à une volonté de s’affirmer à travers elle, mais cette échappatoire peut également contribuer à comprendre comment ces combattants ont réussi à traverser les difficiles épreuves qu’ils rencontrèrent. Des combattants exprimèrent sur les parois des creutes leurs rêves, leurs fantasmes, leurs frustrations ou une simple façon de se détacher de la réalité vécue, sans doute aussi pour mieux l’accepter et la supporter.

bon de commande et dossier de presse

Thierry Hardier est docteur en histoire, enseignant et membre du CRID 14-18

Chronique – Brefs souvenirs 7/12 L’Aisne et la Marne

Brefs souvenirs 7/12 L’Aisne et la Marne

Le CRID 14-18 a de fortes attaches avec le département de l’Aisne. Notre association a été créée à Soissons ; elle a son siège à la mairie de Craonne (voir la chronique précédente). Nos activités ont été largement soutenues par le conseil général du département. Citons la participation aux marches commémoratives du 16 avril et aux journées du livre autour du 11 novembre. Surtout il faut mentionner le soutien financier et logistique à l’organisation de plusieurs colloques universitaires, le premier en 2004, avant la création du CRID, pris en charge par la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne, les suivants directement par le CRID. Et la création de bourses de recherche sur l’histoire de la période 1914-1918 pour des étudiants en master 2 (sur un an) et en thèse de doctorat (sur trois ans). Le jury était composé de trois conseillers généraux et de trois membres du CRID (André Bach, Rémy Cazals, Frédéric Rousseau). Ici, il convient de souligner la remarquable assiduité de l’université de Montpellier-3-Paul-Valéry qui a présenté plusieurs candidats devenus lauréats des bourses de l’Aisne et qui ont participé pendant quelque temps aux activités du CRID. Nous verrons (dans la prochaine chronique) que les auteurs de thèses de doctorat qui travaillaient déjà à plein temps dans l’éducation nationale avaient aussi beaucoup de mérite d’être arrivés au bout de leur entreprise sans avoir demandé de bourse.

Continue reading « Chronique – Brefs souvenirs 7/12 L’Aisne et la Marne »

Parution : L’Aisne occupée, les civils dans la Grande Guerre (P. Salson)

La version remaniée de la thèse de Philippe Salson (CRID 14-18) vient de paraître aux Presses Universitaires de Rennes. Sous le titre L’Aisne occupée, les civils dans la Grande Guerre, l’ouvrage étudie l’expérience des civils occupés en 1914-1918 à plusieurs échelles (départementale, communale, individuelle) et selon plusieurs thématiques (les conditions de vie, les violences, les attitudes face aux ordres, les relations nouées avec les occupants…) :

« L’occupation allemande de la France en 1914-1918 est méconnue du grand public. Pourtant, depuis une quinzaine d’années, plusieurs ouvrages ont été publiés sur le sujet insistant sur l’occupant et la violence qu’il exerce sur les occupés. Philippe Salson renverse ici le regard pour s’intéresser aux civils occupés et à leur quotidien.

Sa micro-analyse dans le cadre du département de l’Aisne combine analyses quantitatives et approches qualitatives.

À partir d’un corpus de 34 témoignages tenus au jour le jour, d’une base de données de récits locaux concernant 452 communes et l’exploitation d’archives municipales, l’auteur opère un carottage au plus profond des mécanismes sociaux à l’œuvre dans les communautés locales. En faisant varier la focale de l’échelle départementale à l’échelle communale et individuelle, avec des comparaisons internationales, il donne la juste mesure des violences subies par les civils, qu’elles soient délibérées ou non, du choc social et économique produit par l’occupation mais également de la diversité et de la complexité des relations entre occupants et occupés. Au cours des quatre années de guerre, contacts et rencontres se nouent entre population civile et soldats allemands, au-delà de la simple confrontation. »

Journée colloque « Quel avenir pour le patrimoine 14-18 ? » à Vic-sur-Aisne

Le 6 novembre prochain, au Château de Vic-sur-Aisne

9h30 – Ouverture du colloque.

10h00 – Début de la matinée sous la Présidence de Noël Genteur, maire de Craonne.

– Soissonnais 14-18 : Introduction par l’association: 25 ans au service du patrimoine 14-18.

– Jagielski Jean-François, Professeur des écoles : Monuments commémoratifs de la Grande Guerre érigés après 1918 dans le Soissonnais et le Noyonnais.

– Chanoir Yohann, université de Reims : Champagne Ardennes : maintenir la mémoire du patrimoine en milieu scolaire.

– Prouillet Yann, Directeur d’édition : Les projets mémoriels dans le Massif des Vosges.

– Flucher Guy, INRAP : Les sépultures des combattants, bilan des recherches archéologiques et perspectives.

12h30 – Fin de la matinée.

14h00 – Reprise des débats sous la Présidence de Jeffrey Aarnio, surintendant de la commission des monuments militaires américains (Seringes et Nesles).

– Bellouin Anne, responsable du musée de la Caverne du Dragon : Du site historique de la Caverne du Dragon au musée du Chemin des Dames.

– Harlaut Yann, Université de Reims : Champagne Ardennes : le devenir des stigmates de la guerre 14-18 sur les monuments historiques.

– Bonnard Jean-Yves, Directeur du CDDP de l’Oise : Mémoire et conscience patrimoniale de la Grande Guerre dans le département de l’Oise.

– Rolland Denis, Président Société historique de Soissons : Un patrimoine condamné ? classement, financement et problèmes juridiques.

– Offenstadt Nicolas, Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne : Les enjeux du patrimoine de la Grande Guerre aujourd’hui. Points de vue d’un historien.

– Hertzog Anne, Université de Cergy Pontoise : Les enjeux du patrimoine de la Grande Guerre aujourd’hui. Points de vue d’une géographe.

17h00 – Conclusion et synthèse de la journée par le Colonel Henri Ortholan, ancien conservateur du musée des Armées.

17h30 – Fin

Dimanche 7 novembre : visites sur le terrain : nécropoles militaires, carrières , souterrains.