Parution : La ville d’Agde dans la révolte du Midi viticole

 Pendant des semaines, de mars à juin 1907, la France entière a vécu au rythme de la « révolte du Midi », qui a été le plus grand mouvement de masse que le pays n’ait jamais connu et dont les échos résonnent partout en Europe et jusqu’aux États -Unis. Continue reading « Parution : La ville d’Agde dans la révolte du Midi viticole »

Parution : La crise de La Courtine (mai-septembre 1917)

Le livre de Maxim Chiniakov, maître de conférences à l’université pédagogique d’Etat de Moscou, vient de sortir, en russe (ISBN 978-5-94845-281-4). La traduction du titre est : La crise de La Courtine (mai-septembre 1917). Monographie, 308 pages. En français, une table des matières et un résumé permettent d’en comprendre le sens général et l’articulation. Un premier chapitre décrit ce qui précède la crise de La Courtine. Il présente le corps russe envoyé en France (soldats et officiers), la révolution de février, les soviets de soldats, la bataille du Chemin des Dames… Le chapitre 2 porte sur les phases successives de l’affrontement à La Courtine. Le chapitre 3 en expose les suites : les pertes humaines, l’enquête, la conscience révolutionnaire, et il donne la biographie de quelques leaders de la révolte. Les sources russes consultées sont abondantes. La bibliographie inclut de nombreux ouvrages en français, parmi lesquels le livre collectif du CRID 14-18 sur le Chemin des Dames, les colloques du même collectif, la thèse d’André Loez sur les mutineries, le témoignage de Louis Barthas, le journal de Gavrilenko, etc.

Rémy Cazals

Mise au point historiographique sur les mutineries de 1917

André Loez, auteur de 14-18. Les refus de la guerre,  vient de rédiger une brève synthèse très éclairante sur l’historiographie des mutineries de 1917, à la demande du Conseil scientifique la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale. En voici les premières lignes :

Les mutineries sont des refus collectifs d’obéissance. Elles apparaissent en 1917 dans les armées françaises, mais aussi russes et italiennes. Elles accompagnent d’autres formes de protestation dans la société civile : grèves, manifestations contre la hausse des prix, meetings pacifistes, qui témoignent de la lassitude et des tensions suscitées par la prolongation de la guerre dans des populations déjà endeuillées par d’énormes pertes. Elles s’inscrivent dans un mouvement d’indiscipline et de désobéissance plus ancien qui prend diverses formes : soldats qui se mutilent eux-mêmes ou désertent, crient « à bas la guerre » ou chantent l’Internationale, retards de permission, refus d’obéissance, trêves et fraternisations, rares mais non limitées à Noël 1914. Ces manifestations, individuelles ou collectives, restaient généralement isolées et concernaient de faibles effectifs avant 1917. Mais la guerre dure, les morts s’accumulent, le refus de la guerre monte. Les mutineries qui le traduisent dans l’armée française sur le front ouest, revêtent une tout autre importance. Elles ont fortement inquiété les autorités et laissé une trace profonde dans la mémoire.

– L’armée française est ainsi affectée en mai-juin 1917 par une vague de désobéissance qui se manifeste au grand jour par trois types de phénomènes : des protestations individuelles, des désertions plus nombreuses, et, fait nouveau, des manifestations collectives extrêmement variées. Pour ces dernières, on a pu recenser 113 incidents différents, étalés du 29 avril au 5 septembre 1917, avec un pic d’intensité autour du 1er juin où surviennent une quinzaine de manifestations collectives de désobéissance.

– Ces événements, pour ceux qu’on sait localiser, ont lieu dans une assez large aire géographique : 55 dans l’Aisne, 25 dans la Marne, 6 dans les Vosges, 5 dans la Meuse, et quelques-uns dans l’Oise, la Somme, la Haute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, sans oublier tous les faits impliquant des permissionnaires et militaires en déplacement, dans des trains et des gares très loin à l’arrière (Paris, Nantes, Quimper, Limoges, Aurillac, Lyon, Nîmes, Béziers…).
– Les mutineries elles-mêmes ne se produisent presque jamais en premières lignes où le refus est impraticable, mais dans les cantonnements de l’arrière-front, où des soldats rassemblés peuvent esquisser un mouvement social, souvent à l’annonce de leur remontée aux tranchées, ou encore dans les dépôts militaires, les baraquements et les gares.
– Le nombre des mutins ne peut être connu avec certitude : quelques milliers pour les révoltés les plus actifs et revendicatifs, des dizaines de milliers si l’on inclut tous ceux dont la désobéissance est plus ponctuelle ou furtive. Par rapport aux combattants des divisions en ligne, seuls véritablement concernés, la proportion est peut-être de l’ordre d’un sur quinze ou sur vingt.

Ces faits n’ont pas tous laissé de sources permettant de bien les connaître, mais des rapports d’officiers, des témoignages, des extraits de lettres figurant au contrôle postal et des procédures judiciaires ont permis aux historiens d’apporter de nouveaux éclairages[1]. Il n’est plus possible de réduire les mutineries à un seul aspect, une seule « essence », une nature unique ni d’en donner une explication simple. Plusieurs affirmations courantes méritent d’être révisées.

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