Parution: les pertes de la guerre.

Le dernier numéro de la revue Le Mouvement Social propose un dossier intitulé « Enquêter sur la guerre ». Il atteste d’un regain d’intérêt salutaire pour l’histoire sociale voire quantitative du phénomène guerrier au XXe siècle. On peut y lire en particulier un article d’Antoine Prost intitulé « Compter les vivants et les morts: l’évaluation des pertes françaises de 1914-1918 », et qui constitue une mise au point documentée et désormais incontournable sur cette question.

Le chiffre global d’1,4 million de morts (dont les disparus) est confirmé et en même temps nuancé : il recouvre différentes réalités et englobe les militaires morts de maladie jusqu’en juin 1919 (75.000 environ) ainsi que les morts étrangers et coloniaux (75.000 environ). Les pertes militaires de la population française sont donc d’1,325 million, et parmi elles les morts directement liées aux combats 1,25 million.

Le mode de constitution des chiffres, les incertitudes statistiques, en particulier pour les blessés et malades, et les débats sur les pertes sont également étudiés.

Parution: témoignage de Jérôme Castan

Un « col blanc » dans la guerre.

« Carnets de guerre 14-18 », Revue de l’Agenais, n°1, 2008, pp. 57-94.

Lafon Alexandre, « Témoignage de guerre d’un « col blanc », Jérôme Castan (1914 – 1918), Revue de l’Agenais, n°1, 2008, pp. 95-112.

Jean Norton Cru notait dans Témoins en 1929 le peu de témoignages qu’il avait pu étudier de combattants non bacheliers. A regarder les nombreux récits de combattants publiés depuis, peu de témoin appartiennent à la catégorie des « cols blancs » : employés de bureau, de banques, liés à l’essor du travail salarié et des services dans la société française. La Revue de l’Agenais publie ce mois-ci un tel témoignage, le carnet de Jérôme Castan, âgé de 21 ans au début de la guerre, employé à la Société générale à Agen, mobilisé en octobre 1915, ayant combattu sur le front de l’ouest mais aussi en Italie à partir de novembre 1917. Un carnet riche d’informations et de notations rédigés au cœur de l’expérience militaire (incorporation) et combattante.

Une pièce de plus à verser dans le dossier d’une histoire sociale de la Grande Guerre.

Parutions: dernier poilu, violence de masse

Signalons deux parutions récentes:
-Dans le Monde diplomatique d’avril 2008, Nicolas Offenstadt revient sur l’hommage au « dernier poilu ».

-Plus qu’une parution, c’est la mise en ligne d’un projet important: l’encyclopédie des violences de masses, dirigée par Jacques Sémelin (en anglais). Pour 1914-1918 on y trouve notamment des éléments sur l’empire ottoman et le génocide des arméniens.

Parution: Jünger dans la Pléïade

Les Journaux de guerre d’Ernst Jünger paraissent dans la Pléïade, accompagnés d’un important appareil critique. Saluée par les littéraires, cette parution permet de (re)découvrir des textes importants et parfois difficiles d’accès comme Orages d’acier, Le Boqueteau 125, et de nombreux autres courts textes méconnus. Personnage ambigu, Jünger illustre une des solutions adoptées par les anciens combattants pour faire sens de leur expérience: l’esthétisation de la violence et l’exaltation de l’honneur ou de l’héroïsme.

Parution: un chirurgien dans la Grande Guerre

Parution du témoignage de Prosper Viguier, chirurgien, présenté par Rémy Cazals, aux éditions Privat : Prosper Viguier, Un chirurgien dans la Grande Guerre, Présentation de Rémy Cazals, Toulouse, Privat, 2007, 15 €.

Présentation de l’éditeur : 

Entre 1914 et 1918, Prosper Viguier, médecin-chef de l’ambulance 8/18, a pris des notes sur plusieurs cahiers : statistiques et bilans en vue d’établir les rapports officiels ; comptes rendus d’opérations chirurgicales, de lectures, d’échanges d’expériences ; remarques personnelles parfois critiques. L’ensemble fournit un éclairage précieux sur la vie d’une ambulance à l’avant pendant toute la durée de la guerre, avec ses semaines d’activité chirurgicale intensive (l’Aisne, Verdun, le Chemin des Dames, le secteur de Suippes…). Lors des moments d’accalmie relative, le médecin-chef s’informe, réfléchit sur les complications à redouter après
les opérations et les moyens d’en préserver les blessés, sur les améliorations à apporter au service de santé.
Prosper Viguier livre une vision réaliste et précise (par exemple sur les types de blessures et leurs origines, principalement les tirs d’artillerie), loin de toute fiction littéraire comme de toute surinterprétation hâtive. Il consacra ainsi quatre années à sauver des vies sacrifiées dans la sanglante catastrophe européenne du début du XXe siècle.