Les lettres de guerre du sergent Eugène Lasbleis : souscription et conférence animée


Thierry Hardier, du CRID 14-18, a mené avec ses collègues et des élèves du collège Eluard un très beau projet pédagogique dont voici l’aboutissement : la publication des lettres de guerre du sergent Eugène Lasbleis. La conférence aura lieu à Noyon, théâtre du Chevalet, salle de la Réception jeudi 28 mai à 15h15.

Présentation de l’ouvrage :

En avril 1915, à quelques jours de ses 19 ans, Eugène Lasbleis, originaire de Lamballe (Côtes d’Armor), rejoint la garnison du 6ème génie à Angers. Sa période d’instruction  terminée, il part sur le front, fin décembre 1915, d’abord dans le Pas-de-Calais puis dans l’Oise où il séjourne plus d’un an pour installer des réseaux de barbelés, construire des nids de mitrailleuse en béton, dessiner des plans d’ouvrages souterrains, réparer des voies ferrées ou encore empierrer des routes.

En mars 1917, il passe au 8ème génie dans une compagnie de télégraphistes. Il participe aux offensives d’avril-mai sur le Chemin des Dames (« la zone d’extermination », lettre du 23 juin 1917) et ensuite répare des lignes téléphoniques lors de la bataille des Flandres. De nouveau dans l’Aisne, à partir de novembre 1917, il est affecté à un petit  central téléphonique et échappe de peu aux Allemands lors de leur offensive qui débute le 27 mai 1918. A partir de la fin juillet 1918, toujours dans l’Aisne, son unité suit de près la progression des troupes alliées jusqu’à la signature de l’armistice.

Pendant la guerre, ce jeune combattant écrit en moyenne plus d’une lettre tous les deux jours, lettres destinées collectivement à ses parents, ses soeurs et son frère. Dans ses « preuves de vie », il tente de rassurer ses proches, décrit son quotidien, ses occupations, ses distractions et ses camarades. Il évoque sa fierté d’appartenir au génie et exprime  souvent son impatience de voir arriver la « perme ». Dans sa correspondance transparaît aussi le soutien moral que lui apporte sa famille, mais aussi un soutien matériel par  le biais des colis (particulièrement du beurre) ou par les « belles z’images » (des billets) glissés dans les enveloppes.

Ce livre publie dans leur continuité et sans aucune coupure les 526 lettres qui couvrent, en l’élargissant un peu, la période de guerre où l’auteur se trouve effectivement dans une unité combattante. Indépendamment de leurs contenus, ces lettres présentent déjà un double intérêt : assez peu de correspondances de combattants bretons ont été  publiées dans leur intégralité, tout comme celles de combattants servant dans le Génie.

La publication des lettres du sergent Lasbleis est l’aboutissement d’un projet pédagogique mené par des professeurs du collège Eluard de Noyon avec des élèves volontaires.
En avant-propos, André Lasbleis, l’un des fils de l’auteur, dans une notice biographique détaillée, croise le contenu des lettres avec ce que son père lui raconta de la guerre. Des annexes, contenant des données statistiques, mettent également en évidence la richesse de ces lettres.

Caractéristiques du livre : 16 x 23 cm, broché, 386 pages, 42 illustrations, un index des personnes et des lieux cités.

Un site pédagogique sur les traces rupestres de la Grande Guerre

Thierry Hardier, Jean-François Jagielski (tous deux membres du CRID 14-18) et Pierrick Tarin viennent de créer un site pédagogique intitulé La Grande Guerre : traces, gravures, graffitis réalisé en collaboration avec le CRDP de Picardie. Ce site doit s’étoffer tout au long du centenaire par ajout de nouvelles rubriques. Dans l’état actuel, 2 rubriques sont accessibles et présentent à ce jour 7 parcours orientés vers 7 traces laissées par des soldats de la Grande Guerre dans différentes carrières souterraines de l’Oise et de l’Aisne.

Page d'accueil du site

 

Voici la présentation qu’en font les auteurs :

Le site « La Grande Guerre : traces, gravures, graffitis » a été créé à l’initiative de CANOPE académie d’Amiens. Il s’adresse à des élèves de primaire (cycle 3) ou de collège et vise à leur faire découvrir un élément méconnu de notre patrimoine : les graffitis, gravures et sculptures que les soldats de la Grande Guerre de différentes nations (Français, Allemands, Américains, Britanniques) ont laissé dans les carrières souterraines se situant sur ou à proximité immédiate de la ligne de front en Picardie.

Ces carrières souterraines dont certaines peuvent atteindre une étendue de plusieurs hectares existaient bien avant le déclenchement de la Grande Guerre. Elles avaient été creusées par des carriers afin d’y extraire de la pierre calcaire servant à la construction de maisons, de châteaux et d’édifices publics ou cultuels. Certaines avaient été ouvertes depuis plusieurs siècles. Mais la plupart ont surtout été exploitées à partir de la seconde moitié du XVIIIe et au XIXe siècle, dans une période où les profits dégagés dans l’agriculture permettent à la maison en « dur » de s’imposer progressivement dans le monde rural.

Lorsque, à l’automne 1914, la ligne de front s’est fixée dans le Soissonnais, le Noyonnais et au Chemin des Dames, les combattants y ont d’abord trouvé un refuge contre les intempéries mais aussi contre les bombardements incessants occasionnés par l’artillerie ennemie. Ces lieux de cantonnements où les hommes se sentent relativement protégés des dangers de la guerre sont aussi propices à la détente. Certaines traces écrites ou figuratives – témoignages directs laissés par la main des soldats – sont émouvantes si l’on pense aux conditions dans lesquelles les hommes qui les ont réalisées ont vécu. La blancheur et la qualité de la pierre calcaire ont contribué à des expressions variées, allant du simple graffito identitaire jusqu’à des réalisations particulièrement élaborées, faites par de véritables artistes.

Des activités interactives autour de ces traces et des fiches pédagogiques au format PDF s’adressant aux élèves sont directement accessibles sur le site. Des documents d’accompagnement et d’approfondissement sont dédiés aux enseignants qui devront disposer d’une adresse e-mail académique pour y accéder.

 

Les auteurs de ce site sont Thierry Hardier (professeur d’histoire dans le secondaire, docteur en histoire et membre du Collectif de recherche international et de débat sur la Grande Guerre (CRID 14-18), Jean-François Jagielski (enseignant du premier degré et membre du CRID 14-18) et Pierrick Tarin, formateur et responsable du département d’histoire-géographie à l’ESPE de l’académie d’Amiens.