Résumé de l’ouvrage :
L’abbé François Monnet. Chapelain de Saint-Dié. Curé du Thillot. 1900-1937 par l’Abbé X. Charles, Imprimerie Coopérative Saint-Michel, 1938, 109 p.
François, Marie, Camille Monnet naît le 16 octobre 1900 à La Bresse, dans les Vosges. Troisième d’une famille de huit enfants, deux sœurs le précèdent. Son père est fondé de pouvoir de M. Bodenreider, industriel, et sa mère élève la fratrie dans la religiosité. Dès l’âge de 11 ans, il souhaite être prêtre. Après une première formation au presbytère de sa commune, il entre à 13 ans au petit séminaire de Mattaincourt. Son père est mobilisé alors que la commune n’est pas loin du front de la Grande Guerre dans les Vosges mais il poursuit ses études à partir de la réouverture de son établissement scolaire religieux en mars 1915. Ne pouvant rejoindre Saint-Dié, sous la menace des canons allemands, pour intégrer le grand séminaire, il poursuit à Mattaincourt et c’est étudiant qu’il vit l’Armistice, qu’il décrit quelque peu. En octobre 1920, il fait son service de deux années au 170e R.I. qui tient garnison en terre allemande, à Kehl. Il est caporal, nommé secrétaire du chef de bataillon. La fin de la guerre est pour lui une période de trouble qui correspond au basculement de la guerre à la paix mais également à un après-guerre qui questionne sa foi comme sa vie de jeune adulte dans les prémices de la Belle Epoque. Il dit, peu avant l’Armistice, le 2 novembre : « Moi-même ne suis-je pas un représentant du XXe siècle ? » (p. 12), poursuivant en écrivant : « Si je n’étais pas chrétien, je serais un Renan, sensible, porté à une métaphysique nuageuse, avec des attraits de mysticisme, cherchant toute jouissance d’esprit et de cœur ; peut être de plus basses » (p. 13). Son biographe décrit ses sentiments le soir du 11 suivant, entrevoyant « une vague de jouissance qui va déferler » faisant tressailler son âme sacerdotale devant un « débordement de plaisirs » : Le jeune séminariste dit : « Quelle va être mon attitude à moi ? Quelle doit être l’attitude d’un prêtre et d’un séminariste devant ces événements ? Il me semble qu’il faut répondre : compenser par des mortifications… Voici une nouvelle ère de l’histoire du monde » (p. 16). [Car il pratique la mortification et plus loin il en décrit les instruments : cilice, bracelet, privations de vin, heure de travail parfait, bréviaire debout, travail à genoux, dizaine de chapelet bras en croix, etc. (page 65)] Son temps militaire effectué, il entre, en octobre 1922 au grand séminaire de Saint-Dié. Il est nommé prêtre le 5 avril 1924 et nommé vicaire à la paroisse Saint-Maurice d’Épinal dès le 11 suivant. S’en suivent de multiples affectations (curé d’Housseras en 1928-1929), missions et direction spirituelle dans les Vosges avant d’être nommé curé du Thillot en 1935. Le 26 janvier 1937, il est victime d’un accident de moto sur la route du Thillot à la Bresse et meurt à l’hôpital de Remiremont le 3 février suivant à l’âge de 37 ans.
Commentaires sur l’ouvrage :
Cette biographie compréhensiblement laudative vaut par l’âge de son sujet, qui, de 14 à 18 ans, vit la Grande Guerre au petit séminaire de Mattaincourt. Ne tenant pas de carnet, sauf quelques rares éléments repris dans un court cahier de notes tenu du 21 octobre au 20 novembre 1918, ce livre n’est pas un témoignage de guerre. De fait, très peu de références au conflit ne sont contenues dans cet ouvrage, à rapprocher des souvenirs de l’abbé Alphonse Haensler dans son ouvrage Curé de campagne par le parcours d’un prêtre vosgien contemporain de la Grande Guerre. L’ouvrage recèle quelques photographies. Sont cités dans l’ouvrage en notes plusieurs prêtres Vosgiens contemporains dont l’aumônier Gustave, Paul, Henry, né le 31 juillet 1875 à Mattaincourt et mort pour la France le 29 juin 1916 à La Grange-aux-Bois, près de Sainte-Menehould dans la Marne (page 45).
Yann Prouillet,16 avril 2025
