Baudlot, Camille (1903-1994)

Résumé de l’ouvrage :

J’avais dix ans en 1913, slnd, 22 p.

Né en 1903, Camille Baudlot, fils de pâtissier dans la commune de Nurlu, à une dizaine de kilomètres au nord de Péronne dans la Somme, se souvient, à l’aube de ses 80 ans, de son adolescence dans la Grande Guerre. Dès la déclaration, il se rappelle du départ de son père, au 13ème jour de la mobilisation, puis de son retour, 15 jours plus tard, sans qu’il s’explique cette « libération ». Le 17 août, il voit passer des réfugiés belges, bientôt suivis par l’armée française en déroute. Le canon se rapprochant, les parents de Camille mettent ce qu’ils peuvent sur une charrette et prennent eux-aussi la route de l’exil. Hébergé quelques jours chez une lointaine cousine, la famille est « rattrapée » par les Uhlans ; elle rentre alors à Nurlu. Vers le 6 septembre, le village est libéré après la bataille de La Marne mais les Allemands reviennent, manquant de fusiller son père. Et le village de s’enfoncer dans l’occupation. Le 10 octobre, les Allemands embarquent son père comme prisonnier civil ; il ne rentrera dans ses foyers que le 17 janvier 1916. Il se souvent également (page 9) d’un espion français, apparemment déposé par un avion (?), muni de pigeons voyageurs, logé pendant 12 jours chez un voisin, et renseigné par des résistants de sa famille. Il évoque également un trafic de viande. Vers le 25 juillet 1916, « étant la première maison du village » en direction de Péronne (p. 11), la famille est expulsée. Il se souvient encore de la mort en combat aérien du sous-lieutenant Henri Desnos le 24 septembre 1916 – un monument marquant cet évènement est toujours visible au centre de Nurlu. Quatre jours plus tard, les Allemands décident d’évacuer le village. Par Beauvois-en-Cambraisis (où il se souvient avoir fait se première communion, le 13 novembre), puis Caudry, dans le Nord, la famille échoue à Revin dans les Ardennes. Elle se retrouve dans la loge de concierge d’une usine ; elle va y passer le reste de la guerre. À 14 ans, l’adolescent est réquisitionné au travail obligatoire et est affecté comme jardinier, se considérant comme « un peu moins malheureux » (p. 15). En 1918, son père et son frère (âgé de 17 ans), sont à nouveau prisonniers civils. Son père sera gravement blessé et évacué en Allemagne ; il ne rentrera qu’en mars 1919 mais gardera toujours des séquelles de ses blessures mal soignées. Resté seul avec sa mère, les troupes ennemies se retirant de la ville, Camille est évacué à Rocroi, se souvenant d’une des nuits les plus terribles qu’il ait vécue, celle du 10 au 11 novembre 1918. A 9 heures, des Italiens, accompagnés de dragons français, arrivent et annoncent la fin de la guerre. Camille et sa mère restent à Rocroi jusqu’en mars 1919, rejoint par les deux frères puis par leur père. Nurlu étant entièrement rasé, la famille échoue dans un premier temps dans une ferme de Brétigny-sur-Orge, ce jusqu’en 1920, quand ils retournent enfin dans leur village dont ils ne retrouvent l’emplacement de leur maison que par quelques tessons de la vaisselle familiale ! Avec des briques récupérées et grattées, ils reconstruisent une baraque provisoire, puis participent à la renaissance du village, en 1921. Le 13 novembre, il fait son service militaire au 5e régiment de Chasseurs à Cheval avant de fonder enfin lui-même une famille. Il termine son récit par cette affirmation, que le lecteur ne saurait remette en cause : « Tout ce que j’ai raconté est rigoureusement exact » !

Eléments biographiques :

Camille Georges Henri Baudlot est né le 14 août 1903 à Nurlu dans la Somme. Il est le fils d’un pâtissier, décédé le 11 septembre 1926, et de son épouse, mère au foyer. Camille est la cadet de la fratrie, ayant deux frères, Edmond, né en 1895, et Maurice, né en 1900. Il se marie le 21 septembre 1931 et de son union naîtront deux filles. Son épouse, qu’il qualifie de « compagne idéale » (p. 22), décède en 1968. Il est un temps recensé comme gérant, domicilié à Amiens, rue Béranger, en 1936. Il dit avoir fait la Deuxième Guerre mondiale et « un peu de résistance » (p. 22). Il décède le 25 janvier 1994 à Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine) à l’âge de 90 ans.

Commentaires sur l’ouvrage :

Peu d’erreurs, peut-être chronologiques, sont relevées dans ce petit livret de 22 pages, auto-édité, en forme de rapide autobiographie de guerre d’un adolescent, de 11 à 15 ans, balloté de son village de Nurlu, dans la Somme, aux Ardennes occupées, où toute la famille a été déportée, avant de ne rentrer dans un foyer arasé à reconstruire qu’en 1920. Un récit dense et intéressant malgré sa brièveté et son absence de profondeur, à classer dans les souvenirs de guerre d’adolescent.

Yann Prouillet, 20 avril 2025

Share